samedi 11 mars 2017

Comment la science progresse (ou pas)

 Le téléscope de Galilée

Tirés d'un article de Books intitulé « La mécanique cachée du vivant » (ici), ces paragraphes montrent comment la science progresse (ou pas) :


En 1609, Galilée dirigea son regard vers les cieux, sa vision agrandie vingt fois par des lentilles de fabrication hollandaise, et déclencha une révolution de la pensée. Une décennie plus tard, ces mêmes lentilles permirent une seconde révolution, Galilée ayant découvert qu’en inversant leur ordre, il pouvait agrandir le très petit. Pour la première fois dans l’histoire, il devenait envisageable de voir les composants du corps, la cause des maladies et le mécanisme de la reproduction. Et pourtant, nous dit Paul Falkowski, « Galilée ne sembla pas accorder grand intérêt à ce qu’il voyait sous son télescope inversé. Il n’a guère cherché à comprendre ni interpréter les plus petits objets qu’il pouvait observer. »
Fasciné par les lunes de Saturne, qui mettaient en cause le modèle héliocentrique de l’univers, Galilée ignorait que les mouches magnifiques qu’il dessinait pouvaient avoir un rapport quelconque avec la peste qui ravageait alors l’Italie. Et pendant trois siècles encore, l’une des maladies les plus cruelles, faute d’être comprise et donc évitable, continuera de tuer par millions.
Sans doute est-il proprement humain d’être fasciné par ce que nous voyons au-dessus de nos têtes et de passer rapidement sur ce que nous voyons quand nous baissons les yeux. Si tel est le cas, cette tendance a freiné à de multiples reprises le progrès humain. Un demi-siècle après que Galilée eut regardé dans son « télescope inversé », les pionniers de la microscopie Antoni van Leeuwenhoek et Robert Hooke révélaient l’existence d’un monde lilliputien tout autour de nous, et même en nous. Mais ni l’un ni l’autre n’eut de disciples, et leurs recherches furent une nouvelle aube sans lendemain. Il fallut attendre le milieu du XIXe siècle, quand les industriels allemands se mirent à fabriquer des instruments de haute qualité, pour que la découverte du très petit commence à transformer fondamentalement la science.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire