vendredi 11 décembre 2015

Dieu et l'Église catholique, c'est loin d'être la même chose, même si celle-ci le croit. Quelle insulte à Dieu si cela était !

Nous irons voir bientôt « La Divine Illusion », de Michel-Marc Bouchard lorsqu'elle sera présentée à Saguenay, en janvier prochain, par le « Théâtre du Nouveau Monde ».
Cette pièce met en scène le séjour de Sarah Bernhardt au Québec, en décembre 1905, pour présenter les extraits de pièces qu'elle donnait, en français, dans toute l'Amérique du Nord, cette année-là.
Ces pièces étaient abhorrées par les évêques québécois qui interdisaient à leurs fidèles d'y assister sous peine de péché mortel, voire d'excommunication.
Les salles furent quand même pleines et la divine Sarah (oui, « divine », elle, contrairement à l'Église catholique, plutôt satanique) prit un malin plaisir à comparer le Québec du temps à la « Turquie », asservi qu'il était sous le joug des califes qui se disaient « chrétiens » et n'étaient que fondamentalistes, rétrogrades et, évidemment, sans culture.
Elle prit aussi un malin plaisir à modifier quelque peu certaines répliques des pièces qu'elle présentait dont celle-ci, de l'« Adrienne Lecouvreur » d'Eugène Scribe et Ernest Legouvé, où elle nie la prétention de l'Église catholique à énoncer les paroles de Dieu et de se croire Dieu lui-même pour le plus grand profit des niais prélats, du haut en bas de leur hiérarchie, qui y exercent un pouvoir usurpé :
 

(Adrienne Lecouvreur est à l'article de la mort et un curé lui demande de renier sa profession de comédienne, puisque les comédiens étaient excommuniés par la sale et prétentieuse Église)
 

Adrienne : Quelle profession ? Mon art ? Vous voulez que je renie ma profession d'artiste ? Vous voulez que je foule aux pieds, que je brûle et jette aux quatre vents toutes ces divines émotions dont j'ai vécu ? Moi, une des prêtresses de cet art, vous voulez que je le renie ? Mais le connaissez-vous cet art que vous maudissez, mon père ? Il est noble, réconfortant, éducateur !
Il prêche avec douceur ce que vous prêchez avec rudesse ! Il évoque le vice, c'est vrai, mais pour le confondre ! Il chante la beauté des choses ! Il glorifie Dieu ! Il éveille le patriotisme ! Il frappe à tous les cerveaux ! Il frappe à tous les cœurs ! Il les émeut, les transporte, les électrise ! Il châtie ! Il flétrit ! Il pardonne ! 


Le père Dominique : Dieu le condamne !
 

Adrienne : Non pas Dieu ! mais l'Église !


Le père Dominique : Eh! bien, c'est l'Église qui vous arrêtera au seuil de sa porte, si vous persistez dans ces profanes croyances ! C'est l'Église qui refusera la terre sainte à votre corps, si vous ne renoncez !



Adrienne : Je ne renonce à rien. L'art et l'amour seront les ailes qui me porteront vers Dieu ! Le monde est son église ! Vous ne pouvez m'en chasser ! La terre est sa Terre ! Vous ne pouvez ni la profaner, ni la sanctifier!

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