dimanche 15 février 2015

Un nom pour le rouge plus utile qu'un nom pour le bleu, dans toutes les langues

Ce bleu que vous voyez autour de l'œil et sur le sourcil de ce masque funéraire égyptien est le premier bleu que les humains (les anciens Égyptiens en l'occurrence) ont inventé.
Jusqu'à ces Égyptiens, en effet, les humains n'ont jamais pu utiliser le bleu dans leurs dessins ou œuvres car ils ne savaient pas comment le produire.
C'est ce qu'on apprend dans cet article du « Courrier international » intitulé « La couleur bleue, secret des pharaons » (ici).
Mais on apprend d'autres choses dans cet article :

Ni dans L’Iliade ni dans L’Odyssée [Homère]  ne décrit le ciel comme étant bleu. Et quand il évoque la mer, c’est pour la parer de la couleur du vin. Une absence d’azur qui n’est pas particulière aux Grecs anciens. 

Comme l’explique le linguiste Guy Deutscher *, les langues qui ont un mot pour la couleur bleue en ont forcément un autre pour le rouge, mais l’inverse n’est pas vrai. Dans l’évolution des langues, le bleu est toujours apparu tardivement. “Nous ne connaissons aucune exception à cette règle, affirme-t-il dans un entretien à The Paris Review. Les hommes trouvent un nom au rouge avant d’en trouver un pour le bleu, non parce qu’ils verraient l’un et pas l’autre, mais parce que nous inventons d’abord des mots pour les choses dont nous jugeons important de pouvoir parler : or dans toutes les cultures simples, le rouge (couleur du sang) est plus utile que le bleu au quotidien.”

La mer, couleur de vin, selon Homère ; un nom pour la couleur « bleue » moins utile qu'un nom pour la couleur « rouge » dans toutes les langues !
N'est-ce pas intéressant quand on sait que la moitié des humains répondent qu'ils préfèrent le bleu quand on leur demande leur couleur préférée ?




* Voir ici pour des informations sur le linguiste Guy Deutscher.

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