jeudi 25 septembre 2014

Les roses enviaient l'ongle de son orteil

En voyant cette tête antique de Cléopâtre de la Pinacothèque de Turin, je me suis demandé si c'est parce qu'on représente très souvent la reine de profil que Pascal a parlé de son nez.
Puis j'ai fait des recherches et suis tombé sur cette même tête mais de face :


Je me suis donc mis à observer autre chose que son nez et j'ai remarqué que la reine était plutôt ronde, bien en chair.
Et puisqu'elle a été la maîtresse et de Jules César et de Marc-Antoine, et qu'à tous deux elle a donné au moins un enfant (trois à Marc-Antoine, un à César), j'en suis arrivé à proposer (intérieurement) l'hypothèse qu'elle représentait l'idéal féminin des Romains.
Mais, peut-être, leur plaisait-elle parce qu'elle était reine, et grecque.
Mais elle me semble belle malgré son nez brisé.
Est-ce une véritable représentation d'elle ou le résultat de la flatterie du sculpteur ?
Je ne saurais en décider.
Dans ce poème Hugo la surnomme « le neuvième Sphinx » :

Le Neuvième Sphinx
 
Passants, quelqu'un veut-il voir Cléopâtre au lit ?
Venez ; l'alcôve est morne, une brume l'emplit ;
Cléopâtre est couchée à jamais ; cette femme
Fut l'éblouissement de l'Asie et la flamme
Que tout le genre humain avait dans le regard ;
Quand elle disparut, le monde fut hagard ;
Ses dents étaient de perle et sa bouche était d'ambre ;
Les rois mouraient d'amour en entrant dans sa chambre ;
Pour elle Ephractaeus soumit l'Atlas, Sapor
Vint d'Osymandias saisir le cercle d'or,
Mamylos conquit Suse et Tentyris détruite,
Et Palmyre, et pour elle Antoine prit la fuite ;
Entre elle et l'univers qui s'offraient à la fois
Il hésita, lâchant le monde de son choix.
Cléopâtre égalait les Junons éternelles;
Une chaîne sortait de ses vagues prunelles ;
O tremblant cœur humain, si jamais tu vibras,
C'est dans l'étreinte altière et douce de ses bras ;
Son nom seul enivrait ; Strophus n'osait l'écrire ;
La terre s'éclairait de son divin sourire,
A force de lumière et d'amour, effrayant ;
Son corps semblait mêlé d'azur ; en la voyant,
Vénus, le soir, rentrait jalouse sous la nue ;
Cléopâtre embaumait l'Égypte; toute nue,
Elle brûlait les yeux ainsi que le soleil ;
Les roses enviaient l'ongle de son orteil ;
O vivants, allez voir sa tombe souveraine ;
Fière, elle était déesse et daignait être reine ;
L'amour prenait pour arc sa lèvre aux coins moqueurs ;
Sa beauté rendait fous les fronts, les sens, les cœurs,
Et plus que les lions rugissants était forte ;
Mais bouchez-vous le nez si vous passez la porte.

C'est une sorte de « sic transit gloria mundi ».

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