dimanche 27 février 2011

Question à un peuple, question à des individus?

Crédit photo: Louise Leblanc/Grand Théâtre de Québec

Il y a longtemps que je voulais vous présenter cette partie de la murale du Grand Théâtre de Québec que le sculpteur Jordi Bonet a créée en 1971 (au lendemain des événements d'octobre 1970, ce qui est très significatif selon moi).
La phrase que vous y lisez (la lisez-vous? «Vous êtes pas écœurés de mourir, bandes de caves. C'est assez!) avait particulièrement choqué la bourgeoisie de Québec, l'une des plus rétrogrades et fermées du Québec (parfois même davantage fermées que la bourgeoisie des petites villes ou des villes moyennes -je ne parle naturellement pas de Saguenay, rétrograde des rétrogrades, fermée des fermées, pour utiliser des tournures hébraïques ou araméennes bibliques qui lui conviennent parfaitement).
Parce que cette phrase du poète Claude Péloquin appartenait plutôt au langage parlé qu'au langage écrit, qu'elle contrastait avec les inscriptions compassées (genre britannique) des inscriptions des autres monuments de Québec et, enfin, que la question qu'elle posait rappelait à ces gens plein de morgue qu'ils allaient un jour ou l'autre ne plus être là avec leurs toilettes et leur costumes dignes des «royaux» (traduction littérale de l'anglais «royals») d'Angleterre (les présents et les passés).
Je vous la présente après l'avoir empruntée à ce site (ici) du Grand Théâtre.
À l'occasion de son 40e anniversaire, comme si on se sentait obligé de le faire, et non sans regrets, on la tire enfin du silence médiatique où on la gardait avec soin (pressions constantes du conseil d'administration du Grand Théâtre, sans doute composé jusque-là du genre de personnes dont je viens de parler? Sont-elles enfin mortes?).
J'ai souvent fait remarquer dans ce blogue, l'utilisation de l'écriture dans les monuments de Barcelone (Gaudi est évidemment un maître de
Jordi Bonet).
Le muraliste a importé à
Québec cet heureux procédé d'art dans cette œuvre (peut-être dans d'autres, je ne sais).
En utilisant le français seul, autre contraste avec les autres monuments de Québec (et autre vif déplaisir de la bourgeoisie) transis jusqu'à la moelle de la langue des conquérants.
Car la question de la murale ne s'adressait pas qu'à des individus, elle s'adressait au peuple québécois qui n'avait pas encore décidé à l'époque (l'a-t-il fait aujourd'hui?) de ne pas mourir.

1 commentaire:

orfeenix a dit…

Et si, bien sûr, il pleut dans ce coeur qui s' écoeure et dont le deuil n' est pas sans raison!
J' ai décidé de ne pas mourir mais hélas je n' avais aucun pouvoir décisionnaire...Bonne soirée malgré ce mûr mur inquiétant!

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