vendredi 11 février 2011

Dans un texte, d'autres, restaurés, reliés, magnifiés: «Les Sens» de «La Rubrique»

Crédit photo: Jean Briand

Un mot de la pièce « Les Sens » présentée par « La Rubrique ».
(Je ne suis pas un critique, seulement un amateur: donc pas de papier à attendre de ma part).
J'aime voir un art représenté ou présent dans un autre, un texte dans un autre texte, plusieurs textes mis en relation à l'intérieur d'un autre texte.
J'ai donc aimé la mise en scène de Benoît Lagrandeur : ces sketchs théâtraux, à l'image d'un film à sketchs, ont été réunis grâce à des éléments qui revenaient d'un sketch à l'autre et particulièrement cet élément rond, un écran, dans lequel étaient présentés tantôt des scènes, tantôt des images, tantôt des motifs abstraits animés (ou ai-je la berlue ?).
(Peut-être un élément de « mise en abyme », ce qui n'est pas pour me déplaire, vous l'imaginez).
Ainsi nous assistions véritablement à une seule pièce à sketchs malgré la diversité des fictions et des auteurs.
(Au cinéma les films à sketchs ont plusieurs metteurs en scène et plusieurs scénaristes, ici une variation : plusieurs auteurs, un seul metteur en scène).
Dans les sketchs, le plus riche au point de vue textuel et théâtral, -celui qui intégrait en lui le plus grand nombre d'autres textes et d'autres scènes et avec quelle habileté-, c'est celui de Larry Tremblay, « Le Dernier Almodovar ».
La pièce portait sur les cinq sens (ou sur six sens avec « le sixième sens » de Daniel Danis) et « La Rubrique » (producteur de la pièce) avait commandé à Larry Tremblay le sketch qui porte sur l'ouïe.
Celui-ci a transformé la commande en chef-d'œuvre (tout ce qu'il touche devient chef-d'œuvre, on dirait) de marivaudage à la fois ancien (Marivaux) et moderne aussi (Almodovar) car, aux intermittences du cœur, s'ajoutaient l'incertitude du désir et l'étonnante variété de ses objets.
(Il y avait aussi, je crois, des bribes du « Téléphone » de Menotti)
Dans tous les sketches les comédiens ont fait montre d'une éblouissante virtuosité, passant d'un rôle à l'autre comme des caméléons magnifiques, mais dans « Le Dernier Almodovar » -qui était une sorte de « mise en abyme », une autre, de leur jeu (chaque personnage y devait changer de sentiments et/ou de désirs comme les comédiens devaient changer de personnages d'un sketch à l'autre)-, leur habileté était extrême.
Pour les habitants du Saguenay, il reste deux représentations de la pièce (ce soir et demain, renseignements ici).
(Une vraie critique ici -elle est de Denise Pelletier- où vous trouverez des liens vers d'autres. Comme Denise Pelletier, je n'ai pas aimé le vestiaire obligatoire pour cette salle frigorifiante: pourrait-on distribuer des couvertures à défaut des manteaux et des foulards et des gants ?).

P. S. J'ai retravaillé la deuxième des photos de Jean Briand présentées ci-dessus (il s'agit des photos du « Dernier Almodovar ») afin de révéler ce qui y était caché dans l'ombre (le sketch lui-même m'y incitait). Voici le fruit de mon travail (voyez au milieu l'ombre de ce qui apparaît en plus clair à droite de la première photo) -cela vous permettra d'avoir une petite idée du dispositif de la mise en scène, ainsi que des enjeux du sketch :

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