Croyances

Cette réflexion de Max Planck dénie -sans doute avec raison- toute rationalité aux humains (excepté aux plus intelligents, mais même chez ceux-ci...) et elle est profondément désespérante.
Car elle implique que les démonstrations ne servent à rien pour convaincre les humains de la véracité d'une quelconque hypothèse, même scientifique.
Seule la mort des opposants permet à une telle hypothèse de s'imposer mais non pas par sa force interne de vérité mais par habitude.
Pour un humain, la vérité n'est rien d'autre que ce que ce qu'il a l'habitude de considérer comme telle.
Et alors, même le mensonge, même la fiction peuvent s'établir comme vérités.
C'est ainsi que les religions, -christianisme, islam, etc,- se sont établies comme vérités.
C'est ainsi que les idéologies -marxisme, léninisme, stalinisme, maoïsme, «marchéïsme*», etc.) se sont établies comme vérités.
Réécrivons la réflexion de Max Planck dans cette perspective:

Une nouvelle religion ne triomphe jamais en convainquant les opposants et en [se] faisant voir [comme] lumière, mais plutôt parce que ses opposants finissent par mourir, et qu'il naît une nouvelle génération à qui cette religion est familière.

Une nouvelle idéologie ne triomphe jamais en convainquant les opposants et en [se] faisant voir [comme] lumière, mais plutôt parce que ses opposants finissent par mourir, et qu'il naît une nouvelle génération à qui cette idéologie est familière.

Etc.

La chose est plus désespérante encore ainsi, parce qu'elle implique qu'on ne pourra pas convaincre ceux qui croient actuellement en une religion ou en une idéologie que leur croyance est manifestement fausse, car ils n'y croient pas parce qu'elle est vraie ou parce qu'ils la considèrent comme vraie mais parce qu'elle leur est familière.
Ou pire encore parce qu'elle leur rapporte des bénéfices.
Ils y croient par habitude et rien n'est plus fort qu'une habitude.
Ils y croient par intérêt et rien n'est plus fort que l'intérêt.

* Marchéïsme (néologisme): idéologie politique et économique de l'École de Chicago et de celle du «laissez-faire».