vendredi 12 novembre 2010

Il vaut mieux une tête bien faite qu'une tête bien pleine

Deux archivistes de la Bibliothèque nationale de la république d'Argentine, Laura Rosato et German Alvarez, viennent de publier un livre -intitulé «Borges, libros y lecturas» («Borges, livres et lectures»)- où ils font part de l'analyse des cinq cents livres que Jorge Luis Borges a légués à la bibliothèque de son pays natal.
C'est que Borges recopiait dans les marges des livres qu'il lisait les phrases qui l'intéressaient et y notait les réflexions qui lui venaient au fil de ses lectures.
De telle sorte qu'il transformait chaque livre qu'il lisait en sa propre œuvre, comme le font, de manière plus invisible, tous les lecteurs des livres qu'ils lisent.
Dans son blogue «La République des livres», Pierre Assouline rapporte (ici) l'une de ces réflexions tirée de la marge de l'exemplaire «borgesien» de «Sésame et les lys *» de John Ruskin.
Voici cette réflexion qui établit la distinction entre une personne instruite et une personne qui ne l'est pas, en reprenant sans le dire la réflexion de Montaigne qui écrivait qu'«il valait mieux une tête bien faite qu'une tête bien pleine»:

On pourrait lire (si l’on vivait assez longtemps) tous les livres du British Museum et rester cependant une personne franchement illettrée et sans instruction; mais si on lisait dix pages d’un bon livre, mot à mot –c’est-à-dire avec une véritable acuité-, on serait une personne instruite. L’unique différence entre une personne instruite et une autre qui ne l’est pas tient à cette acuité.

* Marcel Proust (sans connaître l'anglais) a traduit ce livre en français en 1906 (le texte de cette traduction est ici), en lui faisant une préface intitulée «Sur la lecture».

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