samedi 25 septembre 2010

Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes

C'est d'abord avec cette interprète que j'ai entendu les poèmes d'Aragon mis en musique par Léo Ferré ou Georges Brassens.
C'est mon interprète favorite de ces chansons. J'ai placé il y a quelques mois « L'Affiche rouge » (composée à partir des « Strophes pour se souvenir » d'Aragon) parmi les lecteurs mp3 de la colonne de droite de ce blogue afin que vous et moi puissions l'entendre à volonté.
Mais j'ai trouvé récemment une vidéo de cette chanson interprétée par Monique Morelli lors d'une émission de la télé française dans les années soixante, cette télé telle que je l'ai connue où seules les émissions politiques devaient être au garde-à-vous devant les « serviteurs » de l'État (à mon sens le garde-à-vous devant certains de ces « serviteurs » était ridicule, comme devant la plupart des prétendus « serviteurs » qui se prennent pour des maîtres).
Le reste était, dans la majorité des cas, d'une grande qualité (les présentatrices étaient parfois elles aussi un peu ridicules).
Voici Monique Morelli interprétant « L'Affiche rouge ». Il y a des sous-titres faisant défiler les paroles du poème mais je vous les présente quand même.
Et je vous présente l'affiche rouge dont il est question -produite par les collaborateurs des Nazis- où apparaissent les photos de « métèques » (diraient les membres du Front nazional), des « étrangers et nos frères pourtant », dit le poème, qui sont morts pour la France.




Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos
« Morts pour la France »
Et les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand


Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erevan

Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le cœur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant


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