mardi 21 septembre 2010

Que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant

J'aime bien les chansons de Jean Ferrat mais j'aime encore plus les poèmes de Louis Aragon.
Pas Louis Aragon lui-même qui a, hélas, gâché sa vie à soutenir les stupidités de bandits russes (il y avait des Géorgiens et des Ukrainiens et des Arméniens aussi) qui brandissaient le marxisme pour commettre les crimes, les massacres, les meurtres, tout ce qu'ils retenaient des écrits de Marx et de la notion de «dictature du prolétariat» parce que cela coïncidait avec leur être profond de bandits.
Mais ses poèmes, quelle grande poésie, l'une des plus grandes du 20e siècle et je ne dirai pas «hélas!» comme André Gide à propos de Victor Hugo.
Ce poème, «
Que serais-je sans toi», du recueil «Le Roman inachevé»(couverture ci-haut), c'est le plus juste, le pus beau pour moi, poème d'amour que j'ai jamais lu (et qui existe): il n'est pas fait pour conquérir, il est fait pour dire en quoi consiste l'amour, ce qu'il apporte aux amoureux: l'amour les transforme en humains vrais, il réveille ces «cœurs au bois dormant» comme cette princesse des contes, ces cœurs qui apprennent, éprouvent, connaissent ce qu'est véritablement la vie en aimant, en étant éveillés enfin par l'amour.
J'ai promis, il y a déjà longtemps il me semble, à la mort de Jean Ferrat, de vous présenter peu à peu toutes les chansons qu'il a composées en s'inspirant des poèmes de Louis Aragon.
J'ai tardé à le faire jusqu'à présent. Parfois les choses programmées nous ennuient.
Je commence aujourd'hui à remplir ma promesse.
Je vais d'abord vous présenter le poème d'Aragon. Vous verrez que Ferrat lui a emprunté des vers qu'il a transformés en refrain et qu'il en a laissé tomber d'autres qui ne lui semblaient pas convenir à une chanson. Dans le poème, l'évolution amenée par l'amour à l'égard de l'aimé(e) est plus développée.
Je vous présenterai ensuite une vidéo de la chanson puis les paroles qu'a retenues Jean Ferrat à partir du poème.


Que serais-je sans toi (Louis Aragon)

J’étais celui qui sait seulement être contre
Celui qui sur le noir parie à tout moment
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre.
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre.
Que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant.
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.

Un bonhomme hagard qui ferme sa fenêtre
Un vieux cabot parlant dans anciennes tournées
L’escamoteur qu’on fait à son tour disparaître
Je vois parfois celui que je n’eus manqué d’être
Si tu n’étais venue changer ma destinée
Et n’avais relevé le cheval couronné

Je te dois tout je ne suis rien que ta poussière
Chaque mot de mon chant c’est de toi qu’il venait
Quand ton pied s’y posa je n’étais qu’une pierre
Ma gloire et ma grandeur seront d’être ton lierre
Le fidèle miroir où tu te reconnais
Je ne suis que ton ombre et la menue monnaie

J'ai tout appris de toi sur les choses humaines.
Et j'ai vu désormais le monde à ta façon.
J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines.
Comme au passant qui chante, on reprend sa

[chanson.
J'ai tout appris de toi jusqu'au sens de frisson.

J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne.
Qu'il fait jour à midi, qu'un ciel peut être bleu
Que le bonheur n'est pas un quinquet de

[taverne.
Tu m'as pris par la main, dans cet enfer moderne
Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux.
Tu m'as pris par la main comme un amant heureux.

Voici la vidéo, suivie des paroles de Jean Ferrat:





Que serais-je sans toi (Louis Aragon/Jean Ferrat)

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement?

J'ai tout appris de toi sur les choses humaines
Et j'ai vu désormais le monde à ta façon
J'ai tout appris de toi, comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Comme, au passant qui chante, on reprend sa

[chanson
J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement?

J'ai tout appris de toi, pour ce qui me concerne,
Qu'il fait jour à midi, qu'un ciel peut être bleu,
Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne
Tu m'as pris par la main dans cet enfer moderne
Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux
Tu m'as pris par la main comme un amant heureux

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement?

Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes,
N'est-ce pas un sanglot de la déconvenue,
Une corde brisée aux doigts du guitariste ?
Et pourtant, je vous dis que le bonheur existe
Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les

[nues,
Terre, terre, voici ses rades inconnues

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement?

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