samedi 11 septembre 2010

11 septembre chilien-La Poesía

Timbre cubain émis pour le 10e anniversaire
du 11 septembre chilien.
On y voit le buste du président Salvador Allende,
«mort en combattant»
et le palais de la Moneda incendié
(il y a une photographie de ce très beau palais
néo-classique au bas de ce billet)


11 septembre, date fatidique où beaucoup de meurtres ont été commis.
À Santiago d'abord (et dans le reste du Chili), où, sous la pression des Étasuniens républicains de Richard Nixon et plus précisément du secrétaire d'État de l'époque, Henry Kissinger, il y a eu des milliers de morts d'innocents chiliens partisans de la démocratie (que les États-Unis prétendent défendre), et où il y a eu, pour un temps, l'assassinat de la démocratie elle-même.
Comme tant de fois en Amérique latine, avec la complicité ou, très souvent, sur l'ordre de la prétendue «grande démocratie» du nord.
Pablo Neruda, le grand poète chilien, est mort, sans doute dans le désespoir, 15 jours après la coup d'état du 11 septembre 1973.
Pour commémorer ce 11 septembre-là, j'aurais pu vous présenter celui de ses poèmes qui est intitulé «La canción desesperada», «La Chanson du désespoir», qui est ici.
Mais puisque les forces du mal ont été, pour un temps, vaincues, du moins dans son pays natal, je préfère vous présenter un de ses poèmes qui s'intitule «La Poesía
» et qui se trouve aussi .
J'emprunte à ce beau site et le poème en espagnol et la traduction française, vous pourrez aussi y trouver une traduction en anglais.

La Poesía

Y fue a esa edad ... Llegó la poesía 

a buscarme. No sé, no sé de dónde 

salió, de invierno o río.

No sé cómo ni cuándo,

no, no eran voces, no eran

palabras, ni silencio, 

pero desde una calle me llamaba,

desde las ramas de la noche, 

de pronto entre los otros, 

entre fuegos violentos 

o regresando solo,

allí estaba sin rostro 

y me tocaba. 




Yo no sabía qué decir, mi boca

no sabía

nombrar,

mis ojos eran ciegos, 

y algo golpeaba en mi alma,

fiebre o alas perdidas,

y me fui haciendo solo,

descifrando 

aquella quemadura,

y escribí la primera línea vaga,

vaga, sin cuerpo, pura 

tontería,
pura sabiduría

del que no sabe nada

y vi de pronto 

el cielo

desgranado 

y abierto, 

planetas, 

plantaciones palpitantes,

la sombra perforada, 

acribillada 

por flechas, fuego y flores,

la noche arrolladora, el universo.




Y yo, mínimo ser, 

ebrio del gran vacío

constelado,

a semejanza, a imagen 

del misterio, 

me sentí parte pura 

del abismo,

rodé con las estrellas, 

mi corazón se desató en el viento. 





La Poésie

Et ce fut à cet âge... La poésie

vint me chercher. Je ne sais pas, je ne sais d'où

elle surgit, de l'hiver ou du fleuve.

Je ne sais ni comment ni quand,

non, ce n'étaient pas des voix, ce n'étaient pas

des mots, ni le silence:
d'une rue elle me hélait,

des branches de la nuit,

soudain parmi les autres,

parmi des feux violents

ou dans le retour solitaire,

sans visage elle était là

et me touchait.




Je ne savais que dire, ma bouche

ne savait pas

nommer,
mes yeux étaient aveugles,

et quelque chose cognait dans mon âme,

fièvre ou ailes perdues,

je me formai seul peu à peu,

déchiffrant

cette brûlure,

et j'écrivis la première ligne confuse,

confuse, sans corps, pure

ânerie,

pur savoir

de celui-là qui ne sait rien,

et je vis tout à coup

le ciel

égrené

et ouvert,

des planètes,

des plantations vibrantes,

l'ombre perforée,

criblée

de flèches, de feu et de fleurs,

la nuit qui roule et qui écrase, l'univers.




Et moi, infime créature,

grisé par le grand vide

constellé,

à l'instar, à l'image

du mystère,

je me sentis pure partie

de l'abîme
,
je roulai avec les étoiles,

mon cœur se dénoua dans le vent.



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