lundi 16 août 2010

Aucune main ne trouva l’autre/Dass keine Hand die andre fand

Un poème d'amour peut-être malheureux (il y a un doute dans mon esprit) si beau, de Hugo von Hofmannsthal, que je ne résiste pas à la tentation de vous le présenter. Je l'ai emprunté ici.
L'amour qui travaille l'idée que la doxa nous fait adopter à propos des sexes et de leur rôle respectif.

DIE BEIDEN

Sie trug den Becher in der Hand
– Ihr Kinn und Mund glich seinem Rand –,
So leicht und sicher war ihr Gang,
Kein Tropfen aus dem Becher sprang.

So leicht und fest war seine Hand:
Er ritt auf einem jungen Pferde,
Und mit nachlässiger Gebärde
Erzwang er, dass es zitternd stand.

Jedoch, wenn er aus ihrer Hand
Den leichten Becher nehmen sollte,
So war es beiden allzu schwer:

Denn beide bebten sie so sehr,
Dass keine Hand die andre fand
Und dunkler Wein am Boden rollte.


LES DEUX

Elle tenait la coupe dans sa main
– Son menton, sa bouche dessinaient une courbe
[pareille –,
Si léger, si sûr était son pas
Que pas une goutte ne débordait de la coupe.

Si légère, si ferme était sa main à lui:
Il montait un cheval jeune,
Et d’un geste nonchalant
Il le forçait à s’arrêter frémissant.

Pourtant, quand de sa main à elle
Il dut recevoir la coupe légère,
La tâche fut trop lourde à tous les deux:

Car tous deux tremblaient tellement
Qu’aucune main ne trouva l’autre
Et qu’un vin noir roula au sol.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire