vendredi 4 juin 2010

Le ventriloque Augustin

Cette fresque du Palais du Latran représente Augustin d'Hippone, dit saint Augustin.
La représentation de l'évêque d'Hippone serait la plus fidèle possible puisque la fresque a été faite à partir d'un portrait perdu peint lorsque celui-ci vivait encore.
Par diverses manipulations j'en ai tiré ce portrait en vue rapprochée :

Il est bien imparfait, je sais, mais mon but est atteint qui consistait à représenter Augustin le plus possible comme il était et le plus possible comme une personne ordinaire.
Ce que vous voyez ci-dessus est donc le meilleur portrait d'Augustin d'Hippone.
Je trouve qu'il a certains traits d'Antonio Samaranch, celui qui a fait en sorte que le mouvement olympique oublie les principes de Pierre de Coubertin et se transforme en machine à faire de l'argent.
Augustin a fait la même chose pour le message de Jésus-Christ (si tant est qu'il y ait un tel message) et a contribué à transformer les évangiles en ces machines à dominer et à enrichir, les Églises chrétiennes.
C'est que je ne l'aime pas du tout ce principal ventriloque du dieu chrétien, celui qui lui a fait dire le plus de choses et qui, par conséquent, a infléchi dans des directions erronées la civilisation occidentale.
Par exemple, pour l'unique raison qu'il est à l'origine de la théorie de Luther sur la grâce, il est responsable des centaines de milliers de morts dues à la Réforme protestante, à la Contre-Réforme catholique du seizième siècle en Europe et en Amérique, et aux querelles jansénistes des dix-sept et dix-huitième siècles en France.
On pourrait dire que chacune de ses idées a été mortelle d'une manière ou d'une autre.
Car toutes les doctrines chrétiennes des églises d'origine latine proviennent directement ou indirectement de lui.
C'est ce que reconnaît l'inscription qu'il y a sous la fresque du
Latran:
DIVERSI DIVERSA PATRES SED HIC OMNIA DIXIT

ROMANO ELOQVIO MYSTICA SENSA TONANS

(traduction: « Parmi les Pères certains ont dit ceci, d'autres cela, mais lui a tout dit, en faisant résonner dans la langue des Romains des significations cachées »).

Pourtant c'était un écrivain, un grand écrivain et il savait la vérité. Il écrivait à propos de Dieu:

Dieu est un être dont on parle sans pouvoir rien en dire, et qui est supérieur à toutes les définitions.

Et il lui prêtait pourtant des intentions, de pauvres petites intentions qui sortaient de sa pauvre petite tête humaine et, par conséquent, stupide quand elle se mêle de prêter des pensées à plus grand que soi. 

Voyez l'activité démoniaque qu'il prêtait à Dieu :

Que faisait Dieu avant la Création ? - De toute éternité, il préparait d'épouvantables supplices pour celui qui poserait cette question.

Un Dieu censé être un Dieu d'amour et de bonté qui prépare des supplices.
Voilà le Dieu d'Augustin, dont, selon ses propres dires, on ne peut pourtant rien dire.
Et des supplices pour ceux qui posent des questions.
Il ajoute ailleurs que « l'enfer a été fait pour les curieux ». 

De quoi décourager toutes les questions et toutes les interrogations même légitimes et inciter à agir ceux qui vouent aux bûchers les auteurs de questions, les chercheurs, les artistes, les meilleurs des humains.
Quand un écrivain (ou un philosophe, pensons à Platon ou à Marx ou à Mao, etc.) se mêle d'intervenir dans l'ordre du monde, il se prépare bien des supplices et, dès ici-bas, bien des massacres.

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