vendredi 23 avril 2010

Pour Shakespeare et Cervantès

Un triptyque que Francis Bacon
a consacré à la mort de George Dyer

Jour néfaste, le 23 avril, qui a vu, dans l'également néfaste année 1616, périr à la fois Shakespeare et Cervantès.
Je connais mieux Shakespeare.
C'est de lui que je vais citer un texte, le « Sonnet XV », dont on peut détourner les paroles, faire comme si elles ne s'adressaient pas à celui que
Shakespeare aimait et à qui en réalité elles s'adressaient, mais faire comme si c'était l'œuvre de Shakespeare elle-même qui les adressait à son auteur et lui déclarait qu'au fur et à mesure que le temps passe, c'est elle qui fait en sorte de le garder jeune éternellement (« I engraft you new »).
Mais c'est à tous deux, Cervantès et Shakespeare, que s'adresse la Marche funèbre de la « Musique pour les funérailles de la reine Marie », composée par Henry Purcell.
Que voici, interprétée par le « Baroque Brass of London » (page en anglais au bout de ce lien).
La musique sera suivie par l'original du « Sonnet XV » et par une de ses traductions françaises.




Sonnet XV
 
When I consider every thing that grows
Holds in perfection but a little moment,
That this huge stage presenteth nought but shows
Whereon the stars in secret influence comment;
When I perceive that men as plants increase,

Cheered and checked even by the self-same sky,

Vaunt in their youthful sap, at height decrease,

And wear their brave state out of memory;
Then the conceit of this inconstant stay

Sets you most rich in youth before my sight,

Where wasteful Time debateth with decay

To change your day of youth to sullied night,
And all in war with Time for love of you,
As he takes from you, I engraft you new.

 


Traduction proposée:

Sonnet XV

Quand je considère que tout ce qui croît
N'est parfait qu'un bref instant,

Et que cet état suprême n'est qu'apparences
 

Soumises aux influx secrets des astres,

Quand je réfléchis que les hommes, comme les

[plantes,
Sont élevés et abattus par le même ciel; 
Fleurissent dans leur seule jeunesse, périclitent
[adultes,
Et usent leur force vive jusqu’à l’oubli,
 

À la pensée de cette destinée si brève  
Je porte mes yeux sur vous, si riche de jeunesse,
Et je vois le Temps pervers, s'alliant à la Ruine,


En une hideuse nuit changer votre jeune jour.

Pour l’amour de vous, alors, je combats le 

[Temps,   
Qu'il vous flétrisse et voici, de moi, une greffe,
[une vie neuve.

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