vendredi 30 avril 2010

Température du 30 avril à Saguenay

Matin-------------------------------------------Après-midi

Mots etc.

Au terme de la représentation de «Trac, ma vie en théâtroscope» de Patrice Leblanc, le Trac, le clown le plus noir du Théâtre du Faux Coffre (et ici), on a envie d'écrire une énumération à la Prévert:

Un comédien
à tout faire
à jouer
à monter
à défaire
à refaire
à changer de décors
à vêtir
à porter
des accessoires
des costumes
des masques
des nez
des chapeaux
des couvre-chefs
des déguisements
un bébé
un enfant
un adolescent
un adulte
un chanteur
un meurtrier
un prisonnier
un soldat
un drogué
un amérindien
un curé
un mari
un père
un homme
une femme
une mère
un chanteur
un guitariste
un danseur
un médecin
une malade
un blessé
le même derrière toutes et tous
quatre ou cinq planches
des charnières
des brindilles
des brins de laine
toutes des personnages
qui se plient
qui se dressent
qui tombent
qui se couchent
qui se frottent
qui souffrent
qui se substituent
qui se remplacent
tour à tour
tortionnaires
torturés
fraudeurs
vengeurs
meurtriers et victimes
bourreau de soi-même
héautontimorouménos
une planche à repasser
un grillage
une corde métallique
un bâton de baseball
des guenilles
tour à tour
soutane
uniforme
robe
tutu
tunique
pyjama
camisole
short
couches
des lumières
des fumées
des chansons
liberté liberté
des airs
des musiques
des cris
des explosions
des mitraillades
des coups de feu
des feux
des calembours
des jeux de mots
des allusions
des références
des citations
des textes
des phrases
des facéties
nos vies
vos vies
leurs vies
ta vie
ma vie
sa vie
présentes
présente
passées
passée
la révolte
la vengeance
l'amour
le mépris
la sottise
l'erreur
le péché
la lésine
l'horreur surtout
la beauté
parfois
pas souvent
réalistement
l'horreur surtout
tout cela par un seul
sur petite scène grand écran
théâtroscope
le mot dit
l'art par-dessus tout
et cætera



P.S. On en parle ici, ici, ici et encore. Une interview ici.


Vitrail révélateur

Je crois que l'auteur de ce vitrail, et ses commanditaires et ceux sans doute qui en ont laissé faire l'installation dans leur église, ne se doutaient pas de l'éclatante signification que celui-ci allait prendre éventuellement.
Ou peut-être quelqu'un savait-il quelque chose qu'il voulait dénoncer.
Quoi qu'il en soit, le vitrail me semble témoigner, en dehors de toute connotation sexuelle, de la démesure du pouvoir que l'Église catholique prétend accorder à ses prêtres et à sa hiérarchie sur ses fidèles, et de la soumission exagérée qu'elle exige de ceux-ci, et, par conséquent, des excès auxquels peuvent conduire cet excès de pouvoir et cet excès de soumission.
Ce sont ces excès qui sont responsables, en premier lieu, des viols ecclésiastiques de femmes et d'enfants qui font la manchette aujourd'hui, et non vraiment une chose telle que le célibat des prêtres ou un quelconque vœu de chasteté.
C'est l'excès de pouvoir sur les âmes qui mène à l'excès de pouvoir sur les corps.
Prophétique et révélateur vitrail !

jeudi 29 avril 2010

Température du 29 avril à Saguenay

Matin-------------------------------------------Après-midi

Violence et incompétence

Ce rapprochement de la notion de «violence» avec celle d'«incompétence» fait par Isaac Asimov ne vous rappelle-t-il pas un certain nombre de pays, un certain nombre d'individus?
Des démocraties et des dictatures? Des élus démocratiquement et des non élus?
(Devrais-je ajouter des élus non démocratiquement comme George W. Bush aux États-Unis ou tous les gouvernements qui ont exercé ou exercent un quelconque pouvoir politique sans avoir obtenu 50% des voix, comme dans les «démocraties» de type britannique (pseudo démocraties en réalité), la Grande-Bretagne, le Canada, le Québec et tous les pays du Commonwealth?)

Oubli regrettable

L'article conciliant de L'Expansion est ici.

On dirait que les médias et les administrations des organisations internationales (comme les Nations-Unies ou l'Organisation européenne) sont si désireuses de balayer les questions de nationalité sous le tapis, de nier l'existence d'intérêts nationaux, qu'ils négligent de poser la question de la nationalité des propriétaires, actionnaires ou administrateurs des entreprises comme les agences de notations par exemple.
Fitch Ratings, Moody's et Standard & Poor's : à qui appartiennent-elles? Où sont situés leurs sièges sociaux?
Fitch Ratings appartient au holding français Fimalac. L'avez-vous vu intervenir récemment dans les notations financières négatives de la Grèce, du Portugal et de l'Espagne?
Pour Moody's et Standard & Poor's, -qui l'ont fait-, devinez quels sont les intérêts de ces maisons dans la perte de l'euro et la victoire du dollar?
Qui peut penser que ces agences ne placeront pas l'intérêt des États-Unis et de Wall Street devant l'intérêt de n'importe quel pays du monde.
Voyez comment ont agi les banques états-uniennes lors de la dernière crise, celle que l'univers entier subit encore.
Peut-on vraiment croire qu'une entreprise états-unienne n'agira pas en fonction des intérêts du pays de ses actionnaires et de ses dirigeants?
Nations pas mortes.
Et même à l'intérieur de l'Europe.
Observez l'Allemagne dans la crise actuelle, son attitude à l'égard de la Grèce.
Avez-vous déjà pris la peine d'observer l'attitude des Allemands à l'égard des indigènes sur les plages des pays où ils vont en vacances?
Ils ne sont pas les seuls Européens d'une nation à éprouver du mépris à l'égard d'autres Européens d'autres nations.
Souvenez-vous du plombier polonais dont on se servait comme épouvantail en France.
Cela augure pour l'Europe, à plus ou moins brève échéance, ce qui se passe aujourd'hui en Belgique entre Flamands et Wallons.
Ne jamais oublier la nationalité des humains.
Ni surtout celle des entreprises.

Un humain de substitution

C'est moins l'article que coiffe ce titre qui est intéressant (l'article est ici) que le titre lui-même, qui souligne le rôle indispensable que jouent les animaux à l'égard des humains (je parle des animaux domestiques, pas de ceux qu'on consomme) et quel rôle nous ne jouons pas nous, humains, à l'égard des autres humains.
Les animaux ont une capacité d'amour (c'est le mot qu'il convient, je crois, d'utiliser), une capacité d'intérêt à l'égard de ceux qu'ils aiment, que nous sommes en général incapables d'égaler, excepté peut-être, un bref espace de temps, au début d'un amour.
Les animaux nous servent d'humains de substitution.
Parce que les humains en manque de relations humaines sont très souvent obligés de faire jouer par d'autres êtres un rôle que nous ne pouvons pas jouer ou jouer longtemps,
À moins d'être payés, comme les psychothérapeutes, les assistants sociaux, parfois les curés, quand ils ne pensent pas à autre chose en nous regardant, ou les médecins quand ils ont le temps, et encore...
Cette notion d'«écoute flottante *» inventée par Sigmund Freud permet en effet à tout «écoutant» de nous laisser parler sans vraiment nous écouter (en prétendant écouter autre chose derrière nos paroles).
Et dans cette perspective, tout «écoutant» n'est efficace qu'en autant qu'il donne l'impression d'agir comme un animal domestique.
La plupart des humains, même payés pour le faire, n'y arrivent même pas.
À quoi servent les humains -quand ils ne sont qu'humains- pour les humains?


Écoute flottante: mode d'écoute du psychanalyste adapté à l'association libre et qui consiste à ne rien privilégier par avance de ce que dit l'analysant, de façon à laisser ce qui est important se dégager de l'enchaînement des mots et des idées, sans l'intervention intempestive du clinicien» (Je prends cette définition ici mais la mise en page est telle que je préfère vous la présenter en note plutôt que de vous y renvoyer).

mercredi 28 avril 2010

Température du 28 avril à Saguenay

Matin-------------------------------------------Après-midi

Choses cachées à Myconos

Myconos n'est pas connue pour des arrière-trains ainsi couverts (la photo était intitulée «Fesses de Myconos» et Google (Blogger si vous préférez) a refusé plusieurs fois de la télécharger, jusqu'à ce que je change son nom: un peuple qui tue et fait tuer par d'autres tant de gens pour rien, et ne veut pas (ou ne peut pas ou veut faire croire qu'il ne veut ni ne peut) entendre parler de fesses. Quel peuple de Tartuffes!).
Est-ce parce que le temps était un peu frisquet qu'on couvrait ainsi ce qu'on découvre d'habitude à foison dans la belle île grecque?
Est-ce parce qu'il s'agissait de membres du sexe féminin?
Ou cette chienne de race venue d'outremer (anglo-saxonne à ce qu'on peut voir) ne voulait-elle pas être importunée par quelque bâtard local?
On ne saura jamais.

Inévitable rupture

Sur cette carte sont représentées les deux parties de la Belgique, la Wallonie en jaune, francophone et wallonne, et la Flandre en bleu, néerlandophone et flamande (il y a, près de l'Allemagne, une partie germanophone dont je ne parlerai pas, et presque à la frontière entre Flandre et Wallonie, Bruxelles qu'on ne peut actuellement qu'assimiler -le terme convient, croyez-moi- à la Wallonie: c'est le point orange sur la carte).
Une crise très grave a cours actuellement entre la Flandre et la Wallonie : il y a presque une majorité de Flamands qui voudraient que leur partie devienne indépendante.
Les Flamands, depuis les origines de la Belgique, et jusqu'à tout récemment, ont joué les seconds violons et leur nationalité a subi un fort taux d'assimilation au profit des Francophones.
C'est un peu l'histoire des Francophones au Canada.
Avec une seule partie qui résiste encore à l'assimilation, le Québec.
Il reste peu de points communs entre les deux nationalités ici comme là-bas.
Voici ce que disait un professeur flamand de l'Université de Louvain -Rik Torfs- cité dans un article de Slate.fr intitulé « La Belgique est morte: et si la Flandre était indépendante? » :

Si le soi-disant désaccord cache l'indifférence, la rupture est inévitable à long terme. [...] Des deux côtés de la frontière linguistique [...] nous ne partageons ni les mêmes vedettes, ni les mêmes livres, ni les mêmes journaux, ni les mêmes programmes télé. Ni même, par la force des choses, les mêmes sujets politiques capables de mobiliser ou d'intéresser la population.

Cette citation me semble décrire parfaitement les relations existant entre le Québec et le Canada: Québécois et Canadiens ne partagent « ni les mêmes vedettes, ni les mêmes livres, ni les mêmes journaux, ni les mêmes programmes télé ».
J'ajouterais: ni la même histoire nationale, ni les mêmes héros, ni le même système d'enseignement, ni les mêmes lois civiles, ni la même idéologie, ni la même littérature, ni le même cinéma, ni la même peinture, sculpture, ou art en général, ni la même culture ni la même langue, bref rien.
J'espère que cela rend la rupture entre le Québec et la Canada non moins inévitable que la rupture entre la Flandre et la Wallonie.

Roue-bibliothèque ou bouquineur?

Cette image a-t-elle pour objectif de ridiculiser les lecteurs qui, ne disposant pas de bouquineurs, sont encore obligés de recourir aux livres imprimés s'ils veulent se livrer à leur passion, en les présentant comme des sortes d'écureuils tournant dans une sorte de «roue-bibliothèque»?
Comme si les livres n'étaient que des noisettes.
Ou a-t-elle plutôt pour objectif de nous présenter une alternative aux bouquineurs?
Ou encore de nous montrer qu'il est possible de faire une activité physique tout en se livrant à l'activité plutôt intellectuelle que constitue la lecture?
Pour illustrer la phrase latine: «Mens sana in corpore sano»?
Je vous laisse décider de la réponse ou énoncer d'autres hypothèses (faites-m'en part s'il vous plaît).

mardi 27 avril 2010

Température du 27 avril à Saguenay

Matin-------------------------------------------Après-midi

Apostasie

Formulaire d'apostasie
(Cliquez pour agrandir dans une autre fenêtre)

J'ai trouvé sur le site du Mouvement laïque québécois, ce formulaire de demande d'apostasie. Il semble s'adresser plutôt aux Catholiques qui désirent apostasier qu'aux membres d'autres religions chrétiennes (on y parle d'évêque et ce ne sont pas toutes les religions chrétiennes qui en comptent).
Je vous le présente pour être logique avec les positions qu'adopte ce blogue.
Vous pouvez cliquer sur l'image ci-dessus pour agrandir le formulaire et l'imprimer.
Ou vous pouvez vous rendre sur le site du Mouvement laïque québécois et accéder au formulaire dans le format PDF.
Ou cliquer ici pour le télécharger directement.
Vous serez ainsi, comme moi bientôt, les héritiers d'un excellent petit empereur romain qui voulait réparer les erreurs de son oncle Constantin (assassin de ses parents) et que les Chrétiens ont appelé pour cette raison «Julien l'Apostat».
Le voici sur un solidus d'or, une des seules représentations qui nous restent de lui, toutes les autres ayant été détruites par les Chrétiens déchaînés:


Des amours de levure de pain

L'article original est ici

Selon la recherche dont on rapporte les résultats ci-dessus, nous aurions vous et moi les mêmes amours que la levure de pain.
Du moins c'est en étudiant les processus qui sont à l'œuvre dans l'attirance sexuelle que les levures de pains éprouvent les unes pour les autres que l'on peut (dit-on) découvrir les secrets de nos propres attirances sexuelles.
Exposition à un phéromone, modification d'une protéine, activation de deux enzymes et hop!, nous sommes prêts à nous accoupler.
Depuis Darwin, nous sommes passés de l'état de descendants d'un ancêtre commun que nous aurions avec le singe jusqu'à celui de frère (si on est un homme, sœur si on est une femme) de la levure de pain.
Touchant.
Je me demande ce que penserait l'évêque anglican qui ne croyait pas, pour sa part, être descendant du singe, tout en concevant très bien que M. Darwin le soit.
On peut toujours se consoler en demandant si les levures de pain peuvent se marier, fonder une famille, comme nous le pouvons, nous, ainsi qu'un certain nombre de nos frères et sœurs mammifères.
On peut aussi demander si l'attirance sexuelle c'est la même chose que l'amour.
Grave question!

Une robe au Florian

Une autre photo que j'ai retrouvée dans mes vieux papiers.
Un mannequin et sa robe du soir prise à la fin du jour sous les arcades de la Place Saint-Marc devant le Café Florian à Venise.
Ai-je visité le
Café (et y ai-je mangé) à cause de la photo ou ai-je choisi la photo à cause du Café?
Je ne sais plus.
Pourquoi ai-je retenu la photo pour mon cours?
(On mélange parfois travail et plaisir, n'est-ce pas?)
Peut-être voulais-je faire remarquer l'opposition entre la patine séculaire du mur extérieur du café, patine qui donnait un aspect fuligineux à ce mur, et le brillant de la robe du soir, la jeunesse de la femme, la clarté de son visage, l'absence de rides.
Ou peut-être, au-delà de l'opposition, la parenté que nouait entre les principaux éléments la palette gris-noir des couleurs: la robe noire, les différentes nuances -des gris aux noirs- du mur (et du cuir du fauteuil), avec les différents petits détails blancs (collier, sac et bracelet de perles, tâches blanches sur le mur).
Ou comment le mur «anoblissait» la robe et la robe «enrichissait» le mur.
Je ne sais plus non plus.
Peut-être y avait-il, caché, un «programme narratif», c'est-à-dire un récit dans lequel chacun des éléments jouait un rôle.
Une histoire de fantôme?
Peut-être désirais-je construire un «carré sémiotique» visuel.
Que tout ce vocabulaire spécialisé me ramène dans un temps disparu!

lundi 26 avril 2010

Température du 26 avril à Saguenay

Matin-------------------------------------------Après-midi

Si l'homme est bon, pourquoi est-il méchant?

C'est la page couverture du nouveau numéro du magazine «Books», un magazine français comme vous pouvez le voir par son titre.
Le dossier principal de ce numéro «Les Gènes du bien et du mal» pose une question qui semble faire allusion à la phrase de Jean-Jacques RousseauL'Homme naît naturellement bon, mais c'est la société qui le corrompt ».
La question est: « Si l'homme est bon, pourquoi est-il méchant ? »
Moi j'aurais écrit « Si l'homme naît bon, pourquoi est-il méchant ? »
Quelqu'un enchérissait sur Rousseau
L'homme naît mauvais et la société le rend carrément infect ».
Cette phrase me semble la plus juste.

Naples, Capri, Côte amalfitaine

Ce soir à 20h sur TV5 Québec (et demain 13h), un documentaire intitulé «Italie côté sud» portant sur Naples, Capri, la Côte amalfitaine et l'art de vivre dans cette partie de l'ancien Royaume de Naples.
Plus d'informations ici, sur le site de TV5 Québec.

Un aliment n'est pas un médicament

Un article très révélateur dans Slate.fr (ici) sur la règlementation européenne régissant la publicité de ces aliments (en particulier les yaourts) que leurs fabricants voudraient faire passer pour des médicaments.
Afin d'en augmenter les prix.
Selon les nouveaux règlements, pour pouvoir parler des bénéfices sur la santé d'un aliment, il faudra les démontrer par des études scientifiques.
Recul de tous les fabricants, de Danone par exemple qui sévit aussi au Québec où il a toute la marge de manœuvre requise, nos gouvernements préférant s'occuper d'idéologie rétrograde à la George W Bush (disons à la «western») ou s'abandonnant à l'impéritie d'une bureaucratie pléthorique et impuissante par choix.
La conclusion de l'article:

On ne risque pas de revoir de sitôt un yaourt qui rend beau*. La réglementation européenne a changé la donne. Désormais, les marques alimentaires vont sans doute faire profil bas sur la santé. Cet argument devrait être moins voyant dans leur communication. Des produits comme la margarine «anticholestérol» d'Unilever deviendront plus rares. En revanche, le goût, le côté pratique ou l'avantage environnemental sera davantage mis en avant. Finalement, c'est un juste retour des choses. Un produit alimentaire n'est pas un médicament. Chacun son métier.

* Il paraît qu'il y en a eu en Europe que nous n'avons pas encore vu au Québec (le verrons-nous bientôt?), un yaourt «Essensis, un yaourt censé «nourrir la peau de l'intérieur», présenté dans un pot rose vif». C'était un produit Danone. On avait inventé le terme de «dermonutrition» pour expliquer l'effet santé de ce produit. Joli terme!

Ceci représente un aliment,
pas un médicament pour la peau.


Une autre «Jeune fille à la perle»

Cette page couverture du magazine «ELLE» n'est pas récente. Elle date du 21 décembre 1998 et le numéro du magazine était vendu 13 francs.
Comme vous voyez:

Douze ans déjà, et vendu dans une monnaie disparue.
(Le prix québécois était en dollars et je ne me souviens plus de ce qu'il était: 3 dollars? Pas de changement de monnaie de ce côté-ci de l'Atlantique, hélas!)
Des nouvelles qui n'en sont plus.
Je l'ai trouvée parmi ces vieux papiers dont je vous ai dit hier que je désirais les ranger.
Sans doute l'avais-je sélectionnée pour l'utiliser dans le cours d'«
Initiation à la sémiotique» dont j'étais titulaire à l'époque.
La photographie est une variation sur «La Jeune fille à la perle» de Vermeer.
Voici une reproduction de l'original:


Ce n'était qu'une variation. avec juste assez de similitudes pour établir un lien et faire bénéficier un peu la manchette («Lætitia Casta interprète la mode tendance peinture») et le numéro du magazine de l'admiration ou du prestige qui s'attache à la toile de Vermeer.
Procédé habituel de la publicité.
Et de la propagande.
Mais voyez, on a bien choisi celle qui remplace la jeune fille à la perle:

On en oublie la quasi disparition de la perle.
Je n'ai pas utilisé ce «document».
Sans doute désirais-je le conserver pour moi seul.
Je le partage avec vous aujourd'hui.
Pour moi, il a, avec tous ses éléments surannés, le

Charme profond, magique, dont nous grise
Dans le présent le passé restauré!


Il a le charme de ce qui a plusieurs existences simultanées.


dimanche 25 avril 2010

Température du 25 avril à Saguenay

Matin-------------------------------------------Après-midi

Cadeau de Grec

Je suis à mettre de l'ordre dans mes papiers, tâche dont je ne viens pas à bout chaque fois que je l'entreprends.
Je viens encore de m'interrompre après avoir jeté ou mis dans la «poubelle» (quel autre mot utiliser?) de récupération au moins une tonne de choses.
J'ai retrouvé un vieux «Science & vie» de janvier 2008, dont je vous ai numérisé une nouvelle, celle que vous voyez ci-dessus.
«Le génome du chat a été entièrement séquencé».
Je me demande si c'est une bonne nouvelle pour le pauvre animal.
Évidemment on pourrait en tirer pour lui une certaine fierté car le chat serait «le 7e mammifère (humain compris) à voir son génome entièrement séquencé», précise la nouvelle.
Mais le chat sort peut-être du sac dans la suite de celle-ci (excusez le mauvais jeu de mot).
Ce séquençage, précise-t-on en effet,

apporte ainsi un nouveau modèle d'étude pour certaines maladies humaines. En effet, l'animal présente 250 pathologies héréditaires dont un grand nombre sont communes à l'homme. L'identification chez le chat de gènes impliqués dans ces maladies permettra de tester des traitements.

Tester sur qui? Sur les chats? Martyriser l'un sous prétexte de guérir l'autre?
Je crois que ce séquençage est plutôt une mauvaise nouvelle.
C'est un cadeau de Grec.
Je proteste contre l'expérimentation sur les animaux.
Rendez au chat ce qui est au chat et à l'homme ce qui est à l'homme.
D'ailleurs je connais un certain nombre d'humains sur lesquels on pourrait tester des traitements sans aucun dommage pour l'humanité.
Voire, s'ils périssaient, leur mort apporterait une infinité d'avantages à la Nature, à l'Humanité, à la Science et au Progrès.
Outre des connaissances indispensables sur les maladies et traitements qu'on testerait sur eux.
Une bien mince réparation pour tous les dommages qu'ils ont causés et causent encore en ce qui concerne certains d'entre eux.
Lisez bien ce blogue, vous les reconnaîtrez facilement.

«Sine quoi none»

Zoom

Je ne vous dirai rien sur cette nouvelle que rapporte le Monde.fr.
Je voudrais simplement attirer votre attention sur la graphie de l'expression latine «sine qua non» que toute l'équipe de production du journal fondé par Hubert Beuve-Méry a laissé passer: «sine quoi none» (je l'ai soulignée en rouge).
Est-ce parce que c'était l'équipe du week-end? Où personne ne connaît le latin ou le français?
Ou est-ce parce que le personnel du Monde est de moindre qualité depuis sa capitalisation (espagnole? italienne? britannique?).
L'erreur sera-t-elle corrigée (elle l'a été, voyez ici, mais la preuve reste ci-dessus)?
Si je vous dis quelque chose, je vous dirai que je réprouve toutes les réformes de l'éducation qui ont eu lieu au cours des dernières décennies aussi bien en France qu'au Québec (ou ailleurs dans le monde) puisqu'elles ont toutes été faites par des ignares qui voulaient se reproduire et ne décerner dorénavant des diplômes qu'à plus ignares qu'eux.
Cette erreur dans «sine qua non» n'est que l'affleurement des résultats de ces réformes.
Dont la devise devait être: «Toujours moins».


Trous noirs pas si noirs


C'est la page couverture du numéro de «Science & Vie» que j'ai acheté chez le marchands de journaux tout à l'heure en revenant de mon entraînement dominical.
Toutes affaires cessantes, je l'ai numérisée cette page couverture et je vous la présente car le titre principal m'a frappé.
Peut-être ai-je l'esprit mal tourné (sans doute l'ai-je) mais l'hypothèse que les «[t]rous noirs [soient] les créateurs du monde» m'amène à penser.
(Je croyais jusqu'à présent que les dits «trous noirs» étaient uniquement destructeurs: d'où mon étonnement devant le paradoxe du titre)
Au niveau de l'univers entier cela est peut-être vrai mais au niveau de la naissance des êtres vivants, disons des mammifères, la création se produit aussi dans des sortes de «trous noirs» (je sais, c'est un peu vulgaire de dire les choses ainsi, mais la nécessité de la métaphore m'y oblige).
Peut-être faudrait-il l'étendre cette métaphore à l'ensemble des processus de création: création scientifique évidemment mais, surtout, création artistique et littéraire.
Je ne le fais pas maintenant (le ferai-je un jour?) mais la chose mérite d'être un peu approfondie.
Selon moi.
Je vous reparle bientôt du contenu de ce numéro de «Science & Vie» (il s'agit du numéro d'avril).
Voici un exemple de «
trou noir» céleste:

samedi 24 avril 2010

Température du 24 avril à Saguenay

Matin-------------------------------------------Après-midi

Sagesse de Zoé II: l'être et l'apparence

Zoé était parfois très érudite sous ses airs chatte.
Elle cite ici Jules Renard qui savait ce que c'était que de jouer à être quelque chose que l'on n'est pas.
Comme vous et moi qui excellons également à ce jeu dont on sait les règles sans jamais les avoir apprises.

Telle chevelure, tel homme

Voilà sans doute ce à quoi devrait tenter de ressembler Barack Obama s'il voulait un peu plaire aux Républicains mais un peu seulement.
Car s'il voulait leur plaire complètement il lui faudrait adopter aussi une idéologie inverse de la sienne, c'est-à-dire adopter toutes les idées avérées fausses dans tous les domaines, créationnisme, déréglementation totale, absence d'État, pouvoir religieux total, etc.
Bref, une sorte de totalitarisme plus détestable encore que tous les autres.
Mais même cette apparence est stupide.
Peut-être devrait-il simplement se faire remplacer par cet imbécile qui sert de premier ministre au Canada depuis vraiment trop de temps:

En fait de stupidité et de «tête à claques», comme on dit au Québec, les Républicains trouveraient difficilement mieux dans leur pays.
Et quel visage approprié!
Quant au regard, si je ne craignais de froisser encore Caracalla, à qui j'ai déjà comparé un fraudeur dans ce blogue (ici, ce billet s'intitulait «Le Regard oblique éternel du prédateur
»), je dirais que le regard oblique de Harper ressemble au regard oblique de Caracalla: celui du fraudeur.
Je suis sûr que ses compatriotes le donneraient volontiers, et plutôt deux fois qu'une.

Vues du Saguenay


Splendides photos du Saguenay vu du port de Chicoutimi sur le site du blogue de Denise Pelletier (ici).
Ces photos démontrent, à mon sens, que le Québec est le pays bleu.
Voici une de ces photos, pour vous inciter à aller voir les autres:

vendredi 23 avril 2010

Température du 23 avril à Saguenay

Matin-------------------------------------------Après-midi

Pour Shakespeare et Cervantès

Un triptyque que Francis Bacon
a consacré à la mort de George Dyer

Jour néfaste, le 23 avril, qui a vu, dans l'également néfaste année 1616, périr à la fois Shakespeare et Cervantès.
Je connais mieux Shakespeare.
C'est de lui que je vais citer un texte, le « Sonnet XV », dont on peut détourner les paroles, faire comme si elles ne s'adressaient pas à celui que
Shakespeare aimait et à qui en réalité elles s'adressaient, mais faire comme si c'était l'œuvre de Shakespeare elle-même qui les adressait à son auteur et lui déclarait qu'au fur et à mesure que le temps passe, c'est elle qui fait en sorte de le garder jeune éternellement (« I engraft you new »).
Mais c'est à tous deux, Cervantès et Shakespeare, que s'adresse la Marche funèbre de la « Musique pour les funérailles de la reine Marie », composée par Henry Purcell.
Que voici, interprétée par le « Baroque Brass of London » (page en anglais au bout de ce lien).
La musique sera suivie par l'original du « Sonnet XV » et par une de ses traductions françaises.




Sonnet XV
 
When I consider every thing that grows
Holds in perfection but a little moment,
That this huge stage presenteth nought but shows
Whereon the stars in secret influence comment;
When I perceive that men as plants increase,

Cheered and checked even by the self-same sky,

Vaunt in their youthful sap, at height decrease,

And wear their brave state out of memory;
Then the conceit of this inconstant stay

Sets you most rich in youth before my sight,

Where wasteful Time debateth with decay

To change your day of youth to sullied night,
And all in war with Time for love of you,
As he takes from you, I engraft you new.

 


Traduction proposée:

Sonnet XV

Quand je considère que tout ce qui croît
N'est parfait qu'un bref instant,

Et que cet état suprême n'est qu'apparences
 

Soumises aux influx secrets des astres,

Quand je réfléchis que les hommes, comme les

[plantes,
Sont élevés et abattus par le même ciel; 
Fleurissent dans leur seule jeunesse, périclitent
[adultes,
Et usent leur force vive jusqu’à l’oubli,
 

À la pensée de cette destinée si brève  
Je porte mes yeux sur vous, si riche de jeunesse,
Et je vois le Temps pervers, s'alliant à la Ruine,


En une hideuse nuit changer votre jeune jour.

Pour l’amour de vous, alors, je combats le 

[Temps,   
Qu'il vous flétrisse et voici, de moi, une greffe,
[une vie neuve.

Fière Vashti, soumise Esther

Crédit photo: Matteo de Fina/Presse

Cette photo fait partie d'un diaporama du Figaro.fr intitulé «La Renaissance de Venise» (ici).
Une restauratrice retouche le premier tableau de Paul Véronèse consacré au «Livre d'Esther», un des livres faisant partie de la Bible.
(Tableaux de l'église San Sebastiano à Venise).
Ce tableau représente la répudiation de Vashti, la femme du roi Assuérus (prononciation araméenne sans doute de Xerxès), répudiation qui va avoir lieu dans les circonstances que Wikipédia rapporte ainsi (dans l'article sur le «Livre d'Esther»):

En sa troisième année de règne, le roi [Assuérus] organise en sa capitale, Suse, une fête de 180 jours pour les grands personnages de l'empire et un immense festin de sept jours pour le peuple. Le septième jour, il ordonne à ses sept eunuques d'aller quérir la reine Vashti afin que tous voient sa beauté. Devant le refus de celle-ci de se présenter devant le roi et ses convives, il demande l'avis de ses sept sages, grands officiers perses et mèdes. Ceux-ci jugent le comportement de la reine comme une atteinte faite à tous les maris du royaume. Ils conseillent au roi de faire publier dans tout le royaume une ordonnance signifiant le retrait de son titre royal.

Vashti est répudiée pour avoir refusé d'être un simple ornement de la cour du roi des rois perse et une sorte de bijou personnel de ce roi des rois. Et pour avoir eu un comportement portant «atteinte [...] à tous les maris du royaume».
C'est ainsi que la secrètement juive Esther va la remplacer qui, elle, saura se montrer obéissante, et soumise, et pourtant (ou, par conséquent, étant une femme obéissante?) judicieuse.
On se demande parfois d'où provient le sexisme anti-féminin des religions originaires de la Bible (islam, christianisme): on en a un exemple ici.

La femme qui ne veut pas être un objet est répudiée avec raison, semble dire le texte.
Et la leçon biblique (le «livre d'Esther» est un roman tant il y a d'invraisemblances historiques) est indéfiniment reprise par les peintres, et par les plus grands d'entre eux, comme
Véronèse ici, pour en marteler la tête et les yeux de tous les fidèles.
C'est le message de Dieu cette infériorité, ce rôle de soumission et d'obéissance de la femme, n'est-ce pas?, puisque c'est parole biblique.
Vashti est une héroïne.
Pas Esther. Du moins pas pour avoir été soumise.
On voit à quoi les religions ont fait servir l'art.
Et la Bible n'a rien de divin, c'est une littérature nationale.
Où s'expriment des états de société ou des désirs humains, seulement humains, trop humains.

Comme un ventriloque fait parler une marionnette

Le livre dont vous voyez la couverture, je ne l'ai pas encore.
Mais je l'aurai.
Il s'agit de la correspondance entre deux personnes qui ne s'aiment pas, voire se haïssent, entre ce que les églises chrétiennes d'origine latine appellent saint Augustin (en réalité Augustin d'Hippone, un écrivain romain d'origine berbère) et saint Jérôme, (en réalité Jérôme de Stridon, un traducteur, d'origine dalmate).
Des croyants importants de cette religion, en principe religion d'amour, qui ne s'aiment pas.
La chose a souvent été remarquée.
L'activité principale des ecclésiastiques chrétiens (très souvent des fidèles), dès le début du christianisme, est de condamner et d'excommunier, de s'entre-condamner et de s'entre-anathémiser.
Cela continue encore et a continué tout au long de l'histoire du christianisme, même avant la Réforme protestante.
Entre Augustin, cet écrivain donc -qui connait le latin mais, à part sa langue maternelle le berbère, ne connaît pas d'autres langues, ni l'hébreu, ni même le grec, si important dans l'Empire romain- et ce traducteur, Jérôme, -celui qui connaît le latin, l'hébreu, le grec et qui traduira la Bible et les Évangiles en latin (c'est la Vulgate)- ce livre présente un échange de lettres où on les voit inventer le christianisme (nous sommes 400 ans après la mort de Jésus-Christ) et mettre au point certaines notions fondamentales qui n'existaient pas encore, par exemple la notion de «péché originel» par Augustin.
(Cette notion n'existe que dans les Églises d'origine latine, pas dans les églises d'origine grecque, balkaniques, russe, etc.)
C'est cela qui m'intéresse: voir ce que les églises chrétiennes prétendent révélé par Dieu être peu à peu inventé, créé de toutes pièces, au cours des siècles, parfois être abandonné, parfois repris au gré des circonstances.
Cette manière de créer ce qu'on prétend révélé.
Cette manière de faire parler Dieu (s'il existe) comme un ventriloque fait parler une marionnette.
Comme toutes les religions le font, l'ont fait, le feront, ne vous méprenez pas.