lundi 8 mars 2010

Une autre «vanité»

Crédit photo: Adagp

Je vous ai déjà présenté une image tirée du diaporama de
20 minutes.fr (il est ) sur l'exposition de «Vanités» au Musée Maillol (ici).
Voici une autre «
vanité» en forme d'enseigne qui réunit un crâne dont les contours en néon orange sur fond rouge tracent le mot «Rien».
N'est-ce pas ce que toutes les enseignes de néon annoncent, «rien»?
Cette «
vanité» est de Jean-Michel Alberola et elle date de 1994.
Et ce poème, qui est aussi une «
vanité», est de Jorge Luis Borgès et révèle ce qu'il en est de ce crâne (suivi d'une traduction proposée en français):

Yo

La calavera, el corazón secreto,


los caminos de sangre que no veo,

los túneles del sueño, ese Proteo,

las vísceras, la nuca el esqueleto.
Soy esas cosas. Increíblemente

soy también la memoria de una espada

y la de un solitario sol poniente


que se dispersa en oro, en sombra, en nada.
Soy el que ve las proas desde el puerto;

soy los contados libros, los contados


grabados por el tiempo fatigados;

soy el que envidia a los que ya se han muerto.
Más raro es ser el hombre que entrelaza

palabras en un cuarto de una casa.


Moi

Le crâne, le cœur secret,

les chemins du sang que je ne vois pas,
les tunnels du rêve, ce Protée,
les viscères, la nuque, le squelette.
Je suis ces choses. Incroyablement,
je suis aussi la mémoire d'une épée,
celle d'un soleil solitaire déclinant
qui explose en or, ombre, néant.
Je suis celui qui voit les proues du port;
je suis ce peu de livres, de gravures
fatigués par le temps et son usure;
je suis celui qui envie ceux qui sont morts.
Et, plus étrange, je suis l'homme qui assemble

des mots dans le coin d'une chambre.

Les deux derniers vers du poème sont manifestement une «mise en abyme» du poème, «cet assemblage de mots». Et le poème tout entier, puisque je l'ai lu ainsi, pourrait être considéré comme une «mise en abyme» de ce blogue tout entier, cet «assemblage de mots, et d'images, et de vidéos, et d'audios, chansons et musiques, d'emprunts» que je suis: «Soy esas cosas».
Vanitas vanitatum et omnia vanitas.

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