samedi 13 février 2010

Leçon de philosophie donnée par le hasard

En faisant des recherches pour le billet précédent, j'ai appris beaucoup de choses sur l'homonyme (modèle?) du Diogène dont j'y parle, sur Diogène le cynique.
(On le représente toujours vieux et sénescent: on veut insinuer, je crois, qu'il souffrait de démence sénile pour désamorcer son message tant celui-ci est subversif, ai-je constaté. C'est la raison pour laquelle j'ai placé le tableau de l'inane Gérôme ci-haut, où Diogène est représenté plutôt jeune).
Ce que je savais de Diogène, ce sont des anecdotes: sa résidence dans une grosse cruche, la recherche d'un homme par les rues d'Athènes avec sa lanterne, en plein jour ; son échange avec Alexandre et sa revendication du soleil que celui-ci lui cachait; les circonstances de sa rencontre avec celui-ci, Diogène prenant soin de terminer publiquement sa masturbation en éjaculant seulement après l'arrivée près de lui d'Alexandre (en tant que littéraire et aspirant Freud, je ne suis pas sûr que le désir insu du philosophe pour le roi ne se soit pas, par là, révélé).
Mes études (?) en philosophie (surtout centrées autour de l'Aristote de Thomas d'Aquin) ne m'ont pas mené très loin comme vous le voyez (mais je me souviens des anecdotes et presque pas des briques thomistes).
Mais l'heureux hasard de la représentation d'hier soir et du nom de son personnage principal, et la rédaction de blogue qui amène presque chaque jour son lot de découvertes, m'ont permis de découvrir en Diogène un féroce ennemi de Platon (surtout mais la manière dont il traite l'élève d'Aristote dans les anecdotes que je vous ai rapportées me donne à penser qu'il ne tenait pas Aristote en haute estime non plus) et un ennemi de certains éléments stupides des valeurs grecques.
Voyez ce que dit Wikipédia:

[...] la Politeia (la République) écrite par Diogène, reprise et appuyée plus tard par la Politeia de Zénon (un stoïcien), s’attaquait à de nombreuses valeurs du monde grec, en admettant entre autres l’anthropophagie, la liberté sexuelle totale, l’indifférence à la sépulture, l’égalité entre hommes et femmes, la négation du sacré, la remise en cause de la cité et de ses lois, la suppression des armes et de la monnaie. Par ailleurs Diogène considérait l'amour comme étant absurde : on ne devait s'attacher à personne.

L'anthropophagie me répugne, et je crois qu'il faut courir le risque de s'attacher à d'autres humains (cet attachement, je vous le souligne, a parfois des aspects qui confinent à l'anthropophagie -c'est peut-être cette anthropophagie-là que préconise
Diogène).
Mais la liberté sexuelle (pas totale, limitée par le respect du désir des autres), l'égalité entre les hommes et les femmes -qui n'existaient pas chez les Grecs au même titre qu'elle n'existe pas chez les Musulmans fanatiques-, la négation du sacré, la suppression des armes me plaisent assez comme valeurs.
Quant à la monnaie, Diogène n'avait pas, selon moi, assez réfléchi (ou trop) sur ce qu'elle est (un langage, un moyen d'échange, une relation quasi amoureuse entre les humains).
Et il n'avait pas connu la société catholique, bolchévique ou maoïste pour remettre en cause les lois.
Mais je sais maintenant pourquoi on a voulu depuis plus de 2 000 ans discréditer sa philosophie (et pourquoi sa Politique est disparue et pas celle de Platon, qui favorise les régimes totalitaires, y compris le régime de l'Église chrétienne).

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