mardi 17 novembre 2009

De grosses bêtes (mais humaines, pas bonnes, humaines)


Je lis dans la chronique de Pierre Foglia de jeudi dernier ():

Pavese. Communiste.

Pourquoi? Parce que Mussolini. Parce que poète et fasciste, ça marche pas. Poète et communiste, ça marchait mieux? Ça dépend. Poète communiste dans un pays qui ne l'était pas, ça marchait très bien : Aragon, Éluard, Lorca, tous ceux-là. Mais poète en Union soviétique, en Bulgarie, en Pologne, en Allemagne de l'Est, c'était pas possible.

Les poètes, les dissidents, les intellectuels, les artistes, menacés, étouffés, envoyés dans les camps, en voulaient beaucoup à Aragon, à Éluard. Pas à Lorca, qui avait été fusillé, mais à Sartre, à Beauvoir ; plus tard à Sollers le maoïste, à Edgar Morin. Ils ne comprenaient pas : des gens si intelligents. Comment avaient-ils pu être reçus à Moscou, à Pékin, en Allemagne de l'Est et ne rien voir? Comment avaient-ils pu être si inconsciemment, si confortablement communistes?

C'est la question. Pourquoi, comment des gens intelligents -plutôt moins putes que la moyenne-, se réclamant de la rigueur intellectuelle, pourquoi, comment un tel aveuglement?


Parce que l'ennemi, toujours, c'est la croyance, et que cet ennemi il est en nous, il est nous.
Chacun de nous est ennemi de la vérité et ami de son confort.
À quoi bon douter? À quoi bon penser? (Penser et douter c'est la même chose). À quoi bon toujours chercher à voir la petite bête? À quoi bon toujours voir la petite bête?
Pour ne pas être une grosse bête comme Aragon, Sollers, Sartre, Éluard. Céline, La Boétie (et Montaigne, son ami, qui l'admirait tant et ne voyait pas qu'en plus il était une grosse bête) et j'en passe et j'en passe.
Et comme vous et comme moi aussi.

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