lundi 30 novembre 2009

Température du 30 novembre à Saguenay

Matin--------------------------------------------Après-midi

La démocratie selon Wilde

Version originale anglaise de la phrase d'Oscar Wilde: «Democracy means simply the bludgeoning of the people by the people for the people».
Wilde est mort le 30 novembre 1900 (Hôtel d'Alsace, 13 rue des Beaux-Arts à Paris) et je ne pouvais laisser passer ce jour anniversaire de sa mort sans, au moins, vous présenter une autre réflexion de lui.
Je ne me priverai pas de vous en présenter d'autres, même sans le prétexte d'un jour anniversaire.

C'est ce que j'ai souvent fait jusqu'à présent, comme vous vous en êtes peut-être aperçu.
Impossible de cacher l'esprit.

Une rare liberté

Entre deux platanes, voici la «Statue de la Liberté» photographiée à partir de Manhattan.
Cette statue appartient bien à New York mais, à mon avis, pas du tout aux États-Unis, du moins aux États-Unis qu'ont révélés les deux élections de George W Bush.
Qui existaient bien avant cet homme stupide, une terre de racisme, de fanatisme religieux, de cupidité, dont l'existence profonde et permanente n'est interrompue que brièvement, d'abord au temps de l'Indépendance, avec Benjamin Franklin, puis sous quelques rares présidences, Jefferson, Lincoln, Franklin Roosevelt, peut-être en oublié-je quelques-unes.
La liberté que la
Statue annonce n'existe pas entre New York (et quelques états du nord-est) et, disons, la côte du Pacifique, à de rares exceptions continentales près.
Tout le reste est aux mains du fanatisme et de la Bible.
Et ce n'est pas cet espace (celui qui est aux mains des ennemis rétrogrades de Darwin et de l'utilisation des cellules souches pour la recherche scientifique, le pays de Palin et des membres du parti républicain) que les fanatiques musulmans ont attaqué (leur idéologie religieuse, sociale et politique est la même) mais New York, le symbole de la modernité, de la tolérance et de l'absence de fanatisme.
Et le lieu des échanges avec l'Europe et avec le monde.
New York que les fanatiques États-uniens de l'intérieur du continent détestent eux aussi.

Surenchère d'intolérance

Le vote défavorable (nous sommes en 2009) à l'érection de minarets le week-end dernier en Suisse* semble dérisoire vu de l'extérieur de ce pays.
Mais en réalité il indique que des gens en principe civilisés viennent de rejoindre les moins civilisés des Musulmans dans la pratique de l'intolérance.
On sait en effet qu'à La Mecque, à Médine et dans toute la péninsule arabique il est non seulement interdit d'ériger des clochers mais même des églises ou des temples d'autres religions.
Il ne m'étonnerait pas (mais je n'en sais rien) que la chose soit interdite aussi en Iran, par exemple, ou en Libye ou en Mauritanie.
Mais ces pays sont des dictatures religieuses ou politiques ou des pays médiévaux aux points de vue politique, économique, social et idéologique.
C'est parmi ces pays que la Suisse se classe désormais.
Je suis bien aise de voir que, parmi les quatre cantons tolérants, il y a trois cantons francophones.
Mais que les citoyens d'un pays en principe polyglotte (et, donc, ouverts à l'autre, puisque l'autre est en eux) s'en prennent -majoritairement- à des gens d'une religion particulière par un biais aussi dérisoire, comme je le disais au début de cette note, quelle honte!
Il y a anguille sous roche et je crois que cette intolérance particulière en cache bien d'autres qui ne peuvent s'exprimer officiellement.



* Un votre contre « l'immigration de masse » en février 2014, majoritaire en Suisse alémanique encore, confirme ce que je disais naguère ici.

dimanche 29 novembre 2009

Température du 29 novembre à Saguenay

Matin--------------------------------------------Après-midi

44444

C'est le nombre de visiteurs (pas de visites, celles-ci sont plus nombreuses) que vient à l'instant d'atteindre ce blogue, qui existe depuis décembre 2007.
Ces visiteurs viennent du monde entier, c'est-à-dire des cinq continents et je trouvais ce nombre plus intéressant que 45 000 ou 50 000 car il reproduit, selon moi, quand on le prononce à haute voix, le bruit de la conversation*, c'est-à-dire le bruit que fait silencieusement tout blogue et, donc, celui-ci.
Bienvenue à tous!

* Ou le bruit du caquètement de la poule quand elle pond un œuf, figure de la création.

Une Place nue

Voici la nouvelle «Place des spectacles» de Montréal, voisine de la Place des Arts et, particulièrement, du Musée d'art contemporain (qui s'appelle lui-même «le musée du quartier») que vous apercevez à droite.
Les barres blanches que vous voyez au sol protègent les ouvertures d'où sortiront les jets d'eau de la (ou des) fontaine(s) (multicolores?) qui agrémentera/ront la Place aux beaux jours.
Je l'ai photographiée le 15 novembre dernier (c'était dimanche matin, c'est la raison pour laquelle il n'y a presque personne).
Je ne sais pas si ce sont les arbres sans feuilles ou l'absence de gens mais elle me semble très nue cette place: des statues, des bas-reliefs lui ajouteraient des présences, même le dimanche, même l'automne, même l'hiver, ne trouvez-vous pas?
Ce ne sont tout de même pas les intéressants lampadaires qui suffiront à l'animer.
Je trouve personnellement qu'on ne fait pas grand chose avec rien et que Montréal, depuis deux ou trois décennies, tente en vain de créer avec rien.
Se croirait-elle Dieu (celui-ci n'a pourtant rien fait de rien si l'on en croit la Bible)?
Ce n'est pas une bonne politique.
De l'art ça coûte cher mais ça ajoute tant de vie.
L'art, c'est la vie véritable, «la vraie vie».
Bien sûr, il y aura de l'art pendant les spectacles (musique, poésie, etc.) mais dans les intervalles entre les spectacles, qu'est-ce qu'il y aura?

Article de l'hebdomadaire Progrès-Dimanche sur le site de Denise Pelletier

Tous droits réservés:
Le Progrès du Saguenay Ltée/Gesca

Un article de Mélyssa Gagnon publié dans le Progrès-Dimanche d'aujourd'hui et consacré au site de critiques de spectacles et de concerts de Denise Pelletier (ce site se trouve ).
Il est à la page 42, si vous êtes du Saguenay ou du Lac St-Jean et avez acheté un exemplaire de l'hebdomadaire ce matin.
Si vous n'êtes pas du Saguenay, comme la grande majorité des visiteurs de ce blogue, vous pouvez toujours cliquer sur l'image de l'article que vous voyez ci-dessus pour en obtenir une version agrandie ou m'envoyer un courriel pour en obtenir une copie (à jbboucha@gmail.com mais, je le souligne, seulement si vous habitez à l'extérieur de la région du Saguenay-Lac St-Jean où le journal est exclusivement distribué).

Des faits sordides, gardés secrets par l'Église catholique


Attitude typiquement épiscopale
devant les pleurs des enfants
violés par les prêtres ou par d'autres évêques.

Voici quelques phrases du Rapport Murphy portant sur les viols d'enfants commis par des prêtres de l'Église catholique irlandaise du diocèse de Dublin à partir des années quarante jusque vers l'année 2000 et suivantes (et on n'a pas enquêté sur les décennies et les siècles antérieurs):

La préoccupation de l'archevêché de Dublin, au moins jusqu'au milieu des années 1990, était le maintien du secret, la peur du scandale, la protection de la réputation de l'Église et la préservation de ses biens. Toutes les autres considérations, y compris le bien-être des enfants et la justice pour les victimes, étaient subordonnées à ces priorités.

Cela illustre bien l'attitude de l'Église catholique (dont je parle sans me lasser dans ce blogue, vous l'avez remarqué) quand des membres de son clergé sont en cause: il faut d'abord assurer le salut de l'Église avant d'assurer celui des fidèles.

Le journaliste qui cite ces phrases (dans Slate.fr, ), Henri Tincq, ajoute:

À la lecture de faits aussi sordides, on est partagé entre le mépris pour des hommes d'Église qui ont trahi l'essentiel de leur mission et la consternation pour une institution cléricale qui a préféré la défense de sa réputation à la santé d'enfants innocents.

P.S. Voici ce qu'ajoute le journal Le Devoir dans son édition du lundi 30 novembre ():

Vous ne trouvez pas qu'il ressemble au cardinal

Ignominie et vérité

(Phrase originale anglaise d'Oscar Wilde: «The books that the world calls immoral are the books that show the world its own shame»).
Les livres véridiques utilisent en effet des matériaux qui leur viennent de la réalité, ils ne mentent pas et, quel que soit le point de vue qu'on adopte, la vertu est secrète et le vice éclatant dans la marche du monde même si celui-ci se pare des apparences de la vertu.
Il suffit de jeter un regard attentif, pas seulement dans le politique et le religieux, pas seulement dans le monde du spectacle et le monde de la justice, et pas seulement à l'extérieur de soi.

samedi 28 novembre 2009

Température du 28 novembre à Saguenay

Matin--------------------------------------------Après-midi

Roses de New York

Scène de rue croquée à New York (Downtown, Rector Street) par mon amie Dolorès.
Des chiens roses assortis à la chemise de leur obèse maître.
Je cherche en vain à lui insuffler des significations.
Je vous laisse le soin d'en proposer.

Stendhal prophète

Dans « Le Rouge et le Noir », écrit vers 1830, Stendhal décrit un « grand séminaire », c'est-à-dire le lieu où l'Église catholique « forme » (formait?) ses futurs prêtres (son héros, Julien Sorel, y entre pour se faire une place dans la société de son temps: il doit choisir entre la prêtrise (le « noir » du titre du roman) ou l'armée (le « rouge »).
Ces lignes sont extrêmement intéressantes pour un Québécois comme moi qui ai assisté aux derniers moments au Québec de la civilisation que décrit Stendhal en France, c'est-à-dire cette civilisation où les jeunes gens s'engageaient dans la prêtrise, non par foi, non par vocation, mais pour faire carrière ou, simplement, pour pouvoir manger mieux que chez leurs parents paysans.
(Et la preuve qu'il en était ainsi c'est que tous ceux qui étaient entrés de cette manière dans les ordres pour faire carrière ont jeté la soutane aux orties (et se sont mariés s'ils ont pu le faire) dès que l'Église catholique n'a plus pu leur assurer une carrière, au début des années soixante au Québec: les sept-huitièmes des prêtres qui m'ont enseigné ne sont plus prêtres).
Voici la description de Stendhal. Il semble décrire des Français de la Restauration, il décrit les Québécois des 19 et 20e siècles et leur « christianisme »:

Huit ou dix séminaristes vivaient en odeur de sainteté, et avaient des visions comme sainte Thérèse et saint François, lorsqu’il reçut les stigmates sur le mont Vernia dans l’Apennin. Mais c’était un grand secret, leurs amis le cachaient. Ces pauvres jeunes gens à vision étaient presque toujours à l’infirmerie. Une centaine d’autres réunissaient à une foi robuste une infatigable application. Ils travaillaient au point de se rendre malades, mais sans apprendre grand-chose. Deux ou trois se distinguaient par un talent réel...
Le reste des trois cent vingt et un séminaristes ne se composait que d’êtres grossiers qui n’étaient pas bien sûrs de comprendre les mots latins qu’ils répétaient tout le long de la journée. Presque tous étaient des fils de paysans, et ils aimaient mieux gagner leur pain en récitant quelques mots latins qu’en piochant la terre. C’est d’après cette observation que, dès les premiers jours, Julien se promit de rapides succès. Dans tout service, il faut des gens intelligents, car enfin, il y a un travail à faire, se disait-il. Sous Napoléon, j’eusse été sergent ; parmi ces futurs curés, je serai grand vicaire.

Tous ces pauvres diables, ajoutait-il, manouvriers dès l’enfance, ont vécu jusqu’à leur arrivée ici de lait caillé et de pain noir. Dans leurs chaumières, ils ne mangeaient de la viande que cinq ou six fois par an. Semblables aux soldats romains qui trouvaient la guerre un temps de repos, ces grossiers paysans sont enchantés des délices du séminaire.

Julien ne lisait jamais dans leur œil morne que le besoin physique satisfait après le dîner, et le plaisir physique attendu avant le repas.

L'Héritier de Duplessis (et de tous les malades de droite qui ont précédé ou accompagné celui-ci)

Ce que les chercheurs du reportage découvrent c'est que la municipalité de Saguenay est administrée, plus d'un demi-siècle plus tard, comme le Québec l'a été sous Maurice Duplessis et qu'elle se retrouvera -après 12 ou 16 ans d'administration rétrograde, sans imagination, sans investissement-, comme le Québec des années soixante, avec un énorme retard à rattraper sur les autres villes du Québec.
Pour parfaire la ressemblance entre le Québec duplessiste et
Saguenay maintenant, il ne manque même pas les bondieuseries irrespectueuses à l'égard de la religion qu'affectionnait le défunt premier ministre célibataire «bleu» (c'est ainsi qu'on désigne les politiciens de droite au Québec et au Canada, n'est-ce pas? et cela provient de la couleur qu'on attribuait aux partis politiques sur les bulletins de vote afin que les analphabètes puissent voter «du bon bord»*), et, évidemment il ne manque pas non plus les votes «du bon bord» des 80% d'analphabètes qui ont plébiscité le «cheuf**» lors des dernières élections municipales.
Tout se répète toujours de la même façon en politique mais de plus en plus comiquement d'une répétition à l'autre (c'est ce que disait Karl Marx) et le bon peuple s'organise toujours pour ne pas rire et pour être le dindon de la farce.
«La démocratie n'est pas le meilleur système de gouvernement, disait Winston Churchill (je l'ai déjà cité dans ce blogue), c'est seulement le moins mauvais».
Mais pour le «bon» peuple qui se laisse conter des histoires, qui se laisse tromper, la démocratie est un système de gouvernement peut-être plus mauvais (pire) que les autres.
(Cliquez sur l'image à droite ou ici pour être conduit au reportage).

* Les curés (bénissant toujours les mêmes) définissaient le «bon bord» dans leurs sermons en spécifiant lourdement que «le ciel était bleu et l'enfer rouge», le rouge étant la couleur attribuée sur les bulletins de vote aux ennemis du «cheuf**».
** Prononciation de «chef» par les analphabètes.

vendredi 27 novembre 2009

Température du 27 novembre à Saguenay

Matin--------------------------------------------Après-midi

«Les années Derome»: heureusement que nous avons vécu nos propres années à la même époque

Un billet de Denise Pelletier () sur la série intitulée «les Années Derome», consacrée aux acteurs des évènements des années soixante-dix, quatre-vingt et quatre-vingt-dix au Québec.
Je partage toutes les opinions -négatives- de ce billet.
La série est digne de son animateur que je n'ai jamais trouvé transcendant.
Quant aux acteurs, leurs paroles me semblent indignes du rôle qu'ils ont joué et c'est la faute de la série qui n'a pas su (ne sait pas) les faire parler.

Parler d'elle et se taire

Ce yacht véloce qui passe à toute vitesse devant l'île de San Michele (le cimetière de Venise) est une ambulance. L'auriez-vous imaginé?
C'est dans ce cimetière que repose Ezra Pound, l'ami de Mussolini et l'antisémite, qui écrivait pourtant:

Alba

As cool as the pale wet leaves
of lily-of-the-valley
She lay beside me in the dawn.
Traduction possible:
Blanche

Aussi froide que les pâles feuilles mouillées
du muguet
elle repose près de moi dans l'aube
Il est trop tard pour le sauver, ambulanciers. Il repose avec elle, là, derrière vous.
Il n'aurait dû parler que d'elle.
Mais qui est-elle?
La poésie?
Ou la nuit?
La nuit dans sa pensée.
Le voici avant qu'il parle trop:

Profiter des faibles

(Cliquez l'image ou ici pour être conduit à l'article de L'Express)

Nous connaissons cette situation scandaleuse en Amérique du Nord et beaucoup d'enfants (surtout les enfants des peuples visés par les ethnocides et les génocides) en ont été les victimes, avec la complicité des gouvernements, de leurs ministères et de leurs fonctionnaires.
Une église ou une quelconque organisation (c'est la même chose), quels que soient les objectifs qu'elle affirme poursuivre (et les églises affirment révéler les voies du salut aux humains), pense en premier lieu à se sauver elle-même.
Non seulement à se sauver: à s'accroître et à accroître son pouvoir et sa richesse.
Et peu importe si ainsi elle perd ceux auxquels elle est censé révéler les voies du salut.
Les églises chrétiennes ont toujours affirmé travailler pour « la plus grande gloire de Dieu » («ad majorem Dei gloriam») : elles n'ont jamais travaillé (comme toutes les organisations religieuses) que pour la plus grande jouissance et richesse de leurs prêtres et de leur hiérarchie.
Pire encore, elles ont toujours fait comme les banques, les corporations, les compagnies non religieuses qui couvrent leur directions d'argent à l'heure actuelle (les « sur-primes ») aux dépens de leurs actionnaires et de leurs employés subalternes et de leur clientèle.
Elles ont beau réitérer leur honte, leur repentir, leur ferme propos, c'est leur pente naturelle et elles s'y abandonneront toujours: profiter des plus faibles (les enfants, les femmes, les malades, les infirmes, etc.) et fêter avec les plus forts.
Je pense que les croyances ne doivent plus être abandonnées aux mains des églises et des religions*.
Et surtout qu'il ne faut pas « laisser les petits enfants venir à eux », c'est-à-dire à leurs prêtres.
Ni ceux qui ressemblent aux petits enfants, c'est-à-dire les croyants qui croient être sauvés en se soumettant aux commandements des prêtres (ou à leurs caprices, comment distinguer ?).
Peut-être devrais-je énoncer une loi à propos de l'exploitation des faibles, laquelle, si elle n'a pas encore été énoncée par quelqu'un d'autre, devrait s'appeler la «Loi de Jack». En voici l'énoncé: « Celui qui est en position de profiter des faibles le fera toujours, quels que soient ses principes ».

*
Ni l'économie aux forces du marché d'ailleurs.

jeudi 26 novembre 2009

Température du 26 novembre à Saguenay

Matin--------------------------------------------Après-midi

Métro de New York

Le métro de New York nous permet de faire concrètement la généalogie des métros: ils proviennent manifestement des chemins de fer inter-cités dont les plus anciens d'entre eux (Londres vers 1890, Paris, vers 1898) ne sont que cinquante ans plus jeunes que leurs géniteurs.
On le voit dans la station de la 51e rue ci-dessus (je l'ai retenue parce qu'on y voit les voies ferrées noires, on dirait de charbon, et les colonnes d'acier noires qui séparent une voie de l'autre) et dans celle de Spring Street, avec ses parois couvertes de céramique (comme certaines stations parisiennes anciennes) et ses colonnes de métal partiellement peintes, vaguement doriques).
Selon les stations on a parfois l'impression de se retrouver dans les couloirs d'une mine, au plus profond de la terre. On ne serait pas étonné de voir apparaitre les Nibelungen.
(On dit que certains New-yorkais leur ressemblent mais nous ne les avons pas rencontrés)
La station de Franklin Street a plus d'allure, comme on dit au Québec, mais je crois que c'est à cause de l'acier poli des wagons, qui me semble davantage associé à la modernité.
Quand ils prennent leur départ, on croit voir disparaître une navette spatiale, et cela évoque parfois Les Cavernes d'acier d'Isaac Asimov (celui-ci est mort et a vécu à New York, je crois)
Voyez:

Mais une fois les wagons d'acier poli disparus, le réel «mine de charbon» ressort:

Par ailleurs certaines mosaïques sont jolies et dignes de l'époque où on a construit le métro (celle, notamment, de la station de la 50e rue (la 2e ci-dessous) où apparaissent les personnages d'Alice au pays des merveilles):







Fleurs et ruines

Crédit photo: National Geographic/George F. Mobley

Voilà un effet très réussi dans ce que National Geographic considère comme un fond d'écran.
Grâce aux coquelicots du premier plan qui, pour diverses raisons, -dont un poème que j'ai déjà cité et traduit dans ce blogue-, sont associés aux grandes guerres du 20e siècle, et en particulier à la Guerre de 1914-18, la photographie relie la destruction de ce temple au fond (grec ou romain, plutôt romain, je crois, étant donné son style) à une catastrophe, à une guerre du genre de celle de 1914-18, plutôt qu'au passage du temps comme on le fait d'habitude.
Et il se pourrait bien qu'effectivement la destruction de ce temple, plutôt qu'au temps, soit due aux violences des foules chrétiennes fanatiques du 4e ou 5e siècles à l'égard des cultes classiques ou, peut-être, à la fureur aveugles des Barbares -qu'ils viennent de Germanie ou d'Arabie ou des steppes de l'Asie centrale.
Tout ce sens par le simple rapprochement de fleurs et de ruines.

Mort-vie

Cette nouvelle (cliquez ici ou sur l'image pour en atteindre la source) sur une paralysie qu'on a diagnostiquée comme un coma me semble très inquiétante.
La personne qui a subi ce diagnostic a vécu, si je puis dire, une variante moderne et sophistiquée de l'enterrement vivant.
Dont la perspective est si angoissante.
On peut se garder des variantes anciennes de ce type d'enterrement en recourant à la crémation.
Comment se garder de cette variante nouvelle puisque les moyens médicaux modernes n'ont pas su en garder la victime?
Incompétence des praticiens ou imperfection des moyens? Ou les deux?
Est-ce une forme de cela que les Anciens ont appelée une résurrection?
Quoi qu'il en soit, qui désirerait une telle «mort-vie» et une telle résurrection?

mercredi 25 novembre 2009

Température du 25 novembre à Saguenay

Matin--------------------------------------------Après-midi

«Cheval et cougar» du Musée des beaux-arts de Montréal

Un autre cheval photographié dans un musée, celui de Barry Flanagan (connu pour ses lièvres) et intitulé « Cheval et cougar » (1984).
Cette sculpture se trouve à l'Accueil du Musée des beaux-arts de Montréal, pavillon Jean-Noël Desmarais.

(Elle n'est plus maintenant -17 octobre 2013)
Vous l'apercevez d'abord en petit à travers la vitrine du Café des beaux-arts dont je vous reparlerai bientôt (et où je vous conseille d'aller prendre le repas du midi, la qualité des plats y est absolument excellente): la sculpture est en bas à gauche, entre la table et le fauteuil du Café, sous l'escalier du Musée.
Vous le voyez ensuite entier et, enfin, du dessous, son poitrail partiellement doré par les projecteurs.
Peut-être est-ce le temps de vous présenter la chanson sur un petit cheval (blanc celui-là) que Georges Brassens a faite sur le poème de Paul Fort plutôt que des photographies de chevaux de musée.
La voici :


Et voici le poème de Paul Fort :

Le petit cheval dans le mauvais temps, qu'il avait donc du courage!

C'était un petit cheval blanc, tous derrière et lui devant.
 

Il n'y avait jamais de beau temps dans ce pauvre paysage.
Il n'y avait jamais de printemps, ni derrière ni devant.
 

Mais toujours il était content, menant les gars du village,
A travers la pluie noire des champs, tous derrière et lui devant.
 

Sa voiture allait poursuivant sa belle petite queue sauvage.
 
C'est alors qu'il était content, eux derrière et lui devant.
 

Mais un jour, dans le mauvais temps, un jour qu'il était si sage,
 
Il est mort par un éclair blanc, tous derrière et lui devant.
 

Il est mort sans voir le beau temps, qu'il avait donc du courage!
Il est mort sans voir le printemps ni derrière ni devant.

Le cheval de la liberté

Un petit cheval grec dont la silhouette caracole dans sa vitrine du Metropolitan Museum.
Le cheval est un animal important dans l'histoire de la Grèce antique car c'est un cheval (le cheval de Troie) qui a permis aux Grecs de remporter la guerre contre les Troyens et de retarder pour plus d'un millénaire le basculement vers l'Orient (et vers les dictatures, royales ou non, et vers les religions monothéistes, nécessairement fanatiques) de la civilisation grecque, pour notre plus grand bénéfice.
(Ce basculement sera accompli quand Constantinople sera fondée, tout près du site de Troie).
Et puis, le cheval était l'un des symboles de Poséidon, le dieu des océans et de la mer, et l'on pourrait dire que la Grèce, c'est surtout la mer puisque c'est par la mer que les colons grecs ont répandu leur civilisation sur tout le pourtour de la Méditerranée en y fondant des colonies aussi loin qu'en Espagne.
Il me semble que ce petit cheval et la relation que j'ai établie entre lui et la Guerre de Troie me permettent de vous présenter un poème de Constantin Cavafy, intitulé « Les Chevaux d'Achille » en français (en grec « Τα άλογα του Αχιλλέως ») qu'il tire d'un épisode de « L'Iliade » d'Homère :
Le voici en grec et en traduction française (par Dominique Grandmont, Poésie/Gallimard) :



Τα άλογα του Αχιλλέως

Τον Πάτροκλο σαν είδαν σκοτωμένο,
που ήταν τόσο ανδρείος, και δυνατός, και νέος,
άρχισαν τ' άλογα να κλαίνε του Αχιλλέως·
η φύσις των η αθάνατη αγανακτούσε
για του θανάτου αυτό το έργον που θωρούσε.
Τίναζαν τα κεφάλια των και τες μακρυές χαίτες κουνούσαν,
την γη χτυπούσαν με τα πόδια, και θρηνούσαν
τον Πάτροκλο που ενοιώθανε άψυχο -αφανισμένο-
μιά σάρκα τώρα ποταπή -το πνεύμα του χαμένο-
ανυπεράσπιστο -χωρίς πνοή-
εις το μεγάλο Τίποτε επιστραμένο απ' την ζωή.

Τα δάκρυα είδε ο Ζεύς των αθανάτων

αλόγων και λυπήθη. «Στου Πηλέως τον γάμο»

είπε «δεν έπρεπ' έτσι άσκεπτα να κάμω·

καλύτερα να μην σας δίναμε άλογά μου

δυστυχισμένα! Τι γυρεύατ' εκεί χάμου

στην άθλια ανθρωπότητα πούναι το παίγνιον της μοίρας.

Σεις που ουδέ ο θάνατος φυλάγει, ουδέ το γήρας

πρόσκαιρες συμφορές σας τυραννούν. Στα βάσανά των

σας έμπλεξαν οι άνθρωποι». -Όμως τα δάκρυά των

για του θανάτου την παντοτεινή

την συμφοράν εχύνανε τα δυό τα ζώα τα ευγενή.


Les chevaux d'Achille

Quand ils virent tuer Patrocle,
lui si courageux, si fort et si jeune,
les chevaux d'Achille se mirent à pleurer;
leur nature immortelle s'insurgeait d'avoir
à contempler cette œuvre de la mort.
Ils secouaient leurs têtes, agitaient leurs longues crinières,
frappaient la terre du sabot et se lamentaient
sur Patrocle, qu'ils découvraient inerte —massacré—
chair sans nom désormais —sa conscience évanouie
sans défense —expiré—
renvoyé au grand Rien par la vie.

Des immortels chevaux Zeus aperçut
les larmes et s'en affligea. «Aux noces de Pélée»,
dit-il, «je n'aurais pas dû agir ainsi, à la légère.
Mieux eût valu ne pas vous donner, ah mes pauvres
chevaux! Que pensiez-vous trouver là-bas,
dans cette humanité vulgaire, qui n'est que le jouet du destin.
Vous que ne guettent ni la mort ni la vieillesse,
des malheurs passagers vous affectent. Aux misères des hommes
vous vous êtes laissé prendre. » — Cependant,
devant cet éternel désastre de la mort,
les deux nobles animaux versaient des larmes.

mardi 24 novembre 2009

Température du 24 novembre à Saguenay

Matin--------------------------------------------Après-midi

Un pays de froid modéré

C'est la patinoire du Rockefeller Center à New York, déjà en activité le 15 octobre dernier.
À mon grand étonnement, parmi ces drapeaux qui l'entourent, il y a le drapeau du Québec (cherchez-le si vous désirez le voir), peut-être à titre de drapeau de l'un des états fédérés de toute l'Amérique du Nord, -États-Unis, Canada, Mexique inclus.
Ou peut-être comme l'un des drapeaux de tous les pays où il y a un hiver suffisamment froid pour qu'il y ait des patinoires extérieures.
Je ne sais.
Quoi qu'il en soit, un pays où il y aurait des patinoires extérieures mais où on puisse en même temps s'habiller aussi légèrement que les gens que l'on voit sur la photo, c'est le pays dont je rêve.
Un pays qui ressemble au Québec de ce mois de novembre 2009 où, pour la première fois depuis de nombreuses années, il n'y a pas encore de neige définitive en ce 24.
Si la neige pouvait attendre à la mi-décembre (ou à Noël pour que nous ayons un « Noël blanc »), elle comblerait les souhaits de tous les Québécois (excepté des propriétaires de station de ski, mais qui s'en soucie ?)
Et voici la statue dorée de Prométhée -qui vola le feu aux dieux pour l'apporter aux hommes (qu'il avait créés à partir d'une motte de terre) et rendre ceux-ci aussi puissants que les dieux- telle qu'elle apparaît le soir au haut de la patinoire (à droite sur la photo du haut): la glace, l'eau (puisqu'il y a l'eau d'une fontaine qui coule autour de la statue) et le feu.


Et le voici le jour :


Lavande et bourdon

Ce bourdon a l'air si gourmand sur sa tige de lavande que je ne puis que m'identifier à lui.
Et je vous fais remarquer qu'il est rare qu'un humain consente à s'identifier à un insecte, il préfère d'ordinaire s'identifier à un mammifère, n'est-ce pas? (je suis un lion...)
(Et le papillon signifie tout à fait autre chose).
Mais ici c'est l'environnement de lavande sans doute qui permet cela et, évidemment, le climat (et le pays?) où on l'imagine, et le soleil et sa lumière.


Printemps (extrait)

C’est la jeunesse et le matin.
Vois donc, ô ma belle farouche,
Partout des perles : dans le thym,
Dans les roses, et dans ta bouche.
L’infini n’a rien d’effrayant ;
L’azur sourit à la chaumière ;
Et la terre est heureuse, ayant
Confiance dans la lumière.


Peut-être la fleur de la photo répète-t-elle les vers d'Emily Dickinson :


Of Nature I shall have enough
When I entered these
Entitled to a Bumble bee's
Familiarities-  

Traduction possible:


De la Nature je serai pleine
Quand j'aurai compris les choses
Grâce aux caresses aimantes
D'un bourdon

Le Trio en sol mineur de Rachmaninov

Tous droits réservés: Jacques B Bouchard

C'est le «Trio Pennetier-Pasquier-Pidoux» interprétant le «trio pour piano, violon, violoncelle en sol mineur (dit «élégiaque»)» (page en anglais au bout de ce lien) de Serge Rachmaninov à la salle Pollack du Collège Royal Victoria à Montréal le dimanche 15 novembre dernier (le programme annoncé se trouve à la fin de cette note: le trio de Rachmaninov a été joué en rappel et, sans conteste, ce fut la pièce la mieux interprétée et la plus belle du concert: mais vous connaissez ma dilection pour Rachmaninov).
Le «Trio Pennetier-Pasquier-Pidoux» a enregistré récemment ce trio mais, vous le pensez bien, l'enregistrement est impossible à trouver sur YouTube.
L'un des meilleurs que j'y ai trouvé est celui du «Trio Borodin» (page en anglais au bout de ce lien) -divisé en deux parties inégales (la règle de YouTube veut qu'un morceau qu'on y télécharge ne puisse pas durer plus de 10 minutes, ce qui démontre bien que les responsables de ce site n'ont aucune connaissance, ou respect, pour la musique classique ou de jazz). C'est celui-là que je vais vous présenter.
Voici la première partie:


Et voici la seconde:




Et voici les paramètres du concert:



P.S. Sur son blogue, Denise Pelletier a parlé de ce concert .