mercredi 23 septembre 2009

Une «drag queen» et des «tapettes» du 17e siècle

Une anecdote qui n'a rien à voir racontée par un ex-collègue hier soir à un concert de musique de chambre (par le Quatuor Alcan: Beethoven, Ichmouratov et Brahms).
Pour mesurer l'état des connaissances des lycéens français actuels, on a montré une reproduction du tableau que je vous présente ci-dessus à un certain nombre d'entre eux, en leur demandant qui était représenté.
La meilleure réponse qu'on a reçue est celle-ci: «Ça représente une «drag queen»?» (la réponse était effectivement en forme de question).
Si l'on considère que le tableau représente effectivement une personne royale, un «king» un «könig», un «roi» bref (c'est Louis XIV par Hyacinthe Rigaud, vous l'avez reconnu) avec ses accoutrements d'époque (perruque, grand manteau d'hermine, chaussures à talons hauts rouges, bijoux, ce qui peut apparaître comme un maquillage outrancier -c'est la vieillesse du roi, ce maquillage outrancier), on peut en effet juger que «drag queen» est le plus près possible de la bonne réponse pour quelqu'un qui ne connaît rien à l'histoire, à l'art et au passé en général*.
J'ai moi-même vécu une expérience similaire d'ignorance il y a quelques années à une représentation du Misanthrope de Molière à l'Auditorium Dufour de l'arrondissement de Chicoutimi.
Derrière moi, devant l'assaut des «Venez, Monsieur, que je vous embrasse**» que les hommes s'échangent au début de cette pièce (Philinthe et Alceste notamment), deux jeunes cégépiens -studieux pourtant puisqu'ils assistent à la représentation- s'interrogent: «Est-ce que ce sont des tapettes
Sic transit gloria mundi.

Et j'ajouterais: ainsi le monde s'achemine-t-il vers la nuit totale.

* Je ne suis pas sûr que de hauts dirigeants actuels du Québec, du Canada, voire de la France, et j'en passe et j'en passe, auraient donné une réponse aussi bonne que «drag queen».
** C'est bien sûr l'ignorance de ce que signifie ce mot au 17e siècle qui fait problème: «embrasser» signifiait «donner l'accolade», «prendre entre ses bras» (il y a «bras» dans le mot) et non «donner un baiser» (ce qu'il signifie pour nos collégiens ... et pour nous).

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