mardi 8 septembre 2009

Le Cerf divin qui métamorphose la reine

Je vous ai parlé du film «The Queen» hier.
Ce magnifique cerf élaphe (photo ci-dessus, remarquez la luminosité qui se dégage de l'animal) qui permettait à la
reine d'éprouver des sentiments à l'égard des humains -ce que manifestement ni elle ni la majorité des membres de sa famille ne pouvaient faire jusque-là *-, par la beauté presque magique que lui confère le film, me plongeait dans la perplexité: quelque chose m'échappait dans cette magnifique apparition, dans cette magie.
J'ai fait quelques recherches sur les cerfs, leur rôle dans l'histoire, les légendes qui les entouraient.
(Je vous confierai qu'il me semblait avoir déjà lu quelque chose où un cerf intervenait miraculeusement dans la destinée d'un prince, -lithuanien? letton? estonien? polonais?, je ne sais-, un cerf qui portait une lumière entre ses bois. Le prince s'appelait-il Ladislas, ou Wenceslas, comme dans le chant de Noël anglo-saxon?)
J'ai fait deux découvertes au terme de mes recherches: des cerfs miraculeux ou magiques sont intervenus dans la destinée de rois (ici) ou dans les récits mettant en scène des figures légendaires (: dans la destinée du roi Arthur et de l'enchanteur Merlin).
Première découverte: en faisant intervenir ce magnifique cerf auprès de la
reine Élizabeth, le film fait en sorte de métamorphoser celle-ci en la présentant comme digne figure de la monarchie de droit divin (le cerf apparaît parfois comme une incarnation de Jésus-Christ dans les textes médiévaux) et comme héritière de la légende d'Arthur.
Et pour savoir ce que cela signifie il faut savoir que tous les souverains d'Angleterre -anglo-saxons ou normands- ont toujours rêvé d'être les héritiers d'Arthur, malgré le fait qu'eux ou leurs ancêtres ont exterminé ou forcé à l'exil (en Bretagne) les sujets et compatriotes d'Arthur.
Deuxième découverte: en métamorphosant ainsi
Élizabeth, le réalisateur du film -Stephen Frears (page en anglais au bout de ce lien)- révèle (à son insu peut-être) le sentiment profond des Anglais (et je dirais des Anglophones), -et de lui-même-, à l'égard de leur souverain: un sentiment de révérence proche de l'adoration, puisque pour les Anglais, quoiqu'ils disent, leur souverain est une émanation des figures réelles et légendaires de leur histoire ou de ce qu'ils prennent pour telle, il est Dieu sur la Terre (leur hymne national est un hymne royal: God Save The Queen/The King, rappelez-vous: le souverain est la nation).
C'est la raison de la conversion de
Tony Blair dans le film, du bouquet que la petite fille offre à la reine, des révérences de la foule devant Buckingham Palace, etc.
Tout cela grâce à l'apparition miraculeuse d'un cerf magnifique et manifestement messager de la divinité.

* Le Prince Charles semble avoir des sentiments à l'égard de Diana défunte mais c'est qu'il a des remords de tant aimer l'odeur des petites culottes de Camilla, comme je le disais à une amie. Quant à la reine mère et au duc d'Édimbourg, jamais le moindre sentiment n'affleure à leurs lèvres, ni pour Diana, ni pour personne d'autres, rien que leur sottise bien connue.

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