dimanche 30 août 2009

Poèmes sauvés d'un «holocauste»

C'est une représentation romaine de la poétesse grecque Sappho, de l'île de Lesbos (voir en bas de cette note une photo aérienne de cette île), près de laquelle nous sommes passés sans y faire escale lors de notre croisière dans les îles grecques entre Istanbul, Éphèse et Rhodes, sur le chemin de la Crète et des Cyclades.
Cette représentation a été retrouvée à Pompéi et est une œuvre romaine comme je l'ai écrit.
Peut-être est-ce la raison pour laquelle la poétesse est représentée seule et libre dans l'acte d'écriture où elle semble plongée, son stylet à la lèvre et tenant les tablettes où elle écrira tantôt la suite de son poème.
Car pour les Romains les femmes sont des personnes égales aux hommes et libres comme eux.

Elles n'étaient pas en général considérées comme telles avant eux et, sous l'influence du christianisme, elles ne le seront plus après eux jusqu'au 20e siècle en Occident.
Elles ne le sont pas encore hors de l'Occident.
Nous n'avons presque plus rien de son œuvre, vous vous doutez peut-être pourquoi: son nom, «Sappho», a donné naissance au mot «saphisme» et l'île où elle est née, «Lesbos», est à l'origine des mots «lesbien(ne)», «lesbianisme».
En plus d'aimer les hommes, Sappho aimait les femmes et ne s'en cachait pas.

La civilisation dans laquelle elle vivait acceptait la Nature comme elle était et n'appelait pas «contre nature» des sentiments et des actes qu'un Yahvé, un Allah ou un quelconque Dieu hors nature et «contre nature» lui-même aurait prétendument condamnés.
Les dieux grecs et romains, en tous cas, ne les condamnaient pas et certains d'entre eux les éprouvaient et s'y adonnaient.
Les Chrétiens n'ont évidemment rien fait pour conserver son œuvre et même, au 11e siècle à Rome, comme les nazis brûlant les œuvres juives, l'Église chrétienne a brûlé de cette œuvre tout ce qu'elle pouvait.

Il en reste cependant: les dictatures ne réussissent pas toujours totalement ce qu'elles entreprennent.
Et un jour elles disparaissent.
Voici un poème d'elle -d'une grande passion- qui a échappé à l'«holocauste» de ses œuvres et que je peux vous présenter sans risquer la mort car le pouvoir de la dictature religieuse s'est évanoui au Québec aussi, du moins dans les lois et les institutions, peut-être pas encore dans les esprits et les c
œurs, hélas:

À une aimée

Il me paraît égal aux dieux
celui qui près de toi s'assied,
goûte la douceur de ta voix
et les délices


de ce rire qui fait fondre mon cœur
et le fait battre sur mes lèvres.
Sitôt que je vois ton visage,
ma voix se brise,

Ma langue sèche dans ma bouche,
un feu subtil court sous ma peau,
mes oreilles deviennent sourdes,

mes yeux aveugles.

Mon corps ruisselle de sueur,
un tremblement me saisit toute,
je deviens plus verte que l'herbe.
Je crois mourir...

Et voici un exemple d'une forme de poésie que
Sappho a inventée et que beaucoup de poètes grecs et romains ont utilisée.
Elle s'appelle «strophe sapphique» et est composée de trois vers de longueurs similaires et d'un vers plus bref appelé «adonique» et, ainsi, équivaut un peu au «haïku» inventé par les Japonais:


La lune s'est levée,
Et les Pléiades. Il est
Minuit. Le temps passe.
Je dors seule.
Vous allez sans doute retrouver éventuellement un module de création de «strophe sapphique» dans la colonne de droite de ce blogue.

Voici l'île de Lesbos:

Et la voici en rouge sur cette carte, près des côtes de la Turquie:

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