dimanche 2 août 2009

La Chanson et la poésie

C'est par la chanson «Bozo» de Félix Leclerc que j'ai commencé à penser, tout à fait au début des années soixante, qu'il y avait peut-être un rapport plus étroit que je ne pensais entre chanson et poésie, et je n'avais pas tort comme tout le reste de ma vie me l'a confirmé.
Félix Leclerc est né aujourd'hui il y a 95 ans je crois et je vais vous montrer le petit film (qu'on n'appelait pas encore à l'époque vidéo-clip ou clip) que l'Office national du film a fait avec cette chanson.
Mais comme on ne voit pas beaucoup Félix Leclerc dans ce «petit film» je vous présente une vidéo de Félix interprétant la chanson «
Ton visage» de Jean-Pierre Ferland (musique de Paul de Margerie *), en 1962.
Voici «Bozo» suivi de ses paroles:


Bozo

Dans un marais de joncs mauvais, y'avait
Un vieux château aux longs rideaux dans l'eau
Dans le château, y'avait Bozo le fils du matelot
Maître séant de ce palais branlant.

Par le hublot de ce château, Bozo
Voyait entrer ses invités poudrés.
De vieilles rosses traînant carosse et la fée Carabosse
Tous y étaient, moins celle qu'il voulait.

Vous devinez que cette histoire est triste à boire
Puisque Bozo le fou du lieu est amoureux.
Celle qu'il aime n'est pas venue, c'est tout entendu!
Comprenez ça, elle n'existe pas !

Ni le château aux longs rideaux dans l'eau,
Ni musiciens vêtus de lin très fin.
Y'a que Bozo vêtu de peaux, le fils du matelot
Qui joue dans l'eau avec un vieux radeau.

Si vous passez par ce pays la nuit
Y'a un fanal comme un signal de bal.
Dansez, chantez, bras enlacés afin de consoler
Pauvre Bozo, pleurant sur son radeau!
Et puis voici «Ton Visage», -qui vous permettra de voir un peu Félix Leclerc-, suivie de ses paroles écrites par Jean-Pierre Ferland (notez que Félix improvise parfois d'autres paroles que celles qui sont inscrites ici):


Ton Visage

Des yeux bruns pour le jour, des yeux verts pour l'amour, ton visage
Des yeux que j'aimerai pour deux éternités, ton visage
Une bouche à jamais douce comme un secret, ton visage
Il est beau, il est chaud, il est ma fleur de peau, ton visage
En me fermant les yeux, je le devine au creux des nuages

J'ai dû fermer les yeux, j'aurais dû faire un noeud aux nuages
Le vent s'est retourné et la pluie m'a soufflé ton visage
Et je me suis saoulé pour tâcher d'oublier ton visage
Mais il reste collé dressé sur mon passé, qui s'ennuie mon passé
Et je le redessine et le vent le ressouffle, ton visage

Je suis capitaine d'un bateau de peine qui ne coulera jamais
J'ai deux fois la peine de son capitaine qui ne s'embarqueront plus

Et je me suis saoulé pour tâcher d'oublier ton visage
Et je me saoule encore à jeun et à tribord, quel voyage
Hier c'était demain, demain ce sera toujours ton visage
Il s'entête à coller comme un drapeau mouillé en retraite
Et je le redessine et le vent le ressouffle, ton visage

Des yeux bruns pour le jour, des yeux verts pour l'amour, ton visage
Des yeux que j'aimerai pour deux éternités, ton visage
Il est beau, il est chaud, il est ma fleur de peau, ton visage
En me fermant les yeux, je le devine au creux des nuages
Des yeux bruns pour le jour, des yeux verts pour l'amour, ton visage.
* Voici ce qu'on dit de lui sur Internet:
PAUL DE MARGERIE (1931-1968). Pianiste, arrangeur, compositeur. Il orchestre les premiers albums de Jean-Pierre Ferland, Robert Charlebois, Clémence Desrochers, Raymond Levesque et Renée Claude. Compose la comédie musicale "Hangar 54" en 67. Les chansons «Ton visage», «Les enfants que j'aurai».
Je me souviens quant à moi de son suicide en avril 1968, qui m'avait beaucoup frappé.

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