mercredi 15 juillet 2009

Le Syndrome québécois de Stockholm

Cette photo est celle de la Place Jacques-Cartier à Montréal, au couchant.
Le plus imposant bâtiment, dans le fond, est l'Hôtel de ville de Montréal, d'architecture « Second Empire », comme vous le voyez : les architectes avaient reçu la mission de proclamer, par le style du bâtiment, que Montréal était, par la population, « la deuxième ville française du monde ».
On disait « française » à l'époque, à demi par espoir, à demi par nostalgie.
C'était en réalité une dénégation de la Conquête de 1760.
Ce qu'on voulait dire c'était que Montréal était « la deuxième ville francophone du monde par la population », « la deuxième ville où l'on parlait français ».
Deuxième après Paris.
On désirait jouer sur la confusion entre « français » et « francophone » car Montréal, depuis 1760, est une ville britannique où l'on parle français (plus ou moins).
C'est à peine si 60% de la population y est de langue maternelle française cependant.
À l'époque où l'on a construit l'Hôtel de ville ce pourcentage était encore moindre.
En général au Québec (pas seulement à Montréal) quand on s'écrie dans les manifestations « Québec français », on ne veut pas dire « Québec à la France » mais « Québec en français ».
Je ne crois pas que les Québécois désirent que le Québec redevienne une possession française.
Mais là encore on entretient -névrotiquement- la confusion.
Sur la photo, juste à gauche de l'Hôtel de ville, il y a une colonne avec une statue au sommet. On ne la voit pas bien, voici une vue rapprochée de cette colonne :


C'est une colonne Nelson, la première colonne Nelson érigée dans le monde (en 1809*), avant celle de Londres (vers 1840 sur Trafalgar Square), avant celle de Dublin (en 1811).
Voyez le bâtiment de l'ancien hôtel Nelson à droite, nommé en l'honneur de la colonne.
Cette colonne a été érigée par les notables britanniques de Montréal (et les astucieux membres de quelques communautés ecclésiastiques catholiques de langue française, les Messieurs de Saint-Sulpice notamment, qui furent de gros contributeurs) en l'honneur de la victoire de l'amiral Nelson contre les flottes française et espagnole à Trafalgar.
Elle a été érigée pour rentrer dans la gorge des sujets d'origine française de Sa Majesté britannique la victoire navale des Anglais sur les Français.
Comme vous voyez, il s'agissait d'humilier ces sujets d'origine française.
Les Irlandais, eux, ont fait sauter (1966) la colonne Nelson de Dublin qu'on avait érigée pour les humilier eux aussi.
Les Québécois prennent soin de la leur comme si elle ne signifiait rien.
Sur la façade de l'Hôtel du Parlement de Québec il y a une statue du général Wolfe, le vainqueur anglais du marquis de Montcalm à la bataille des Plaines d'Abraham en 1759.
Une statue de vainqueur sur la façade de l'Hôtel du Parlement national des vaincus.
Quelle magnanimité, direz-vous !
Moi j'aurais un autre diagnostic : je crois que les Québécois souffrent d'une sorte de « syndrome de Stockholm » collectif.
« Le syndrome de Stockholm désigne la propension des otages partageant longtemps la vie de leurs geôliers à développer une empathie, voire une sympathie, ou une contagion émotionnelle avec ces derniers. »
C'est évidemment maladif.
La colonne Nelson à Montréal, la statue de Wolfe sur la façade l'Hôtel du Parlement à Québec, d'autres monuments encore (j'en énumérerai d'autres éventuellement), sont les furoncles qui révèlent le syndrome maladif profondément enfoui dans l'esprit malade du peuple québécois.
Voici une photo de la statue de Wolfe de la façade de l'Hôtel du Parlement à Québec :


Crédit photo: Brigitte Tardif

Ne dit-il pas : « Regardez comme ils sont cons, ces malades** » ?
Et il ne parle pas des touristes étrangers qui défilent devant lui. C'est à ces touristes qu'il parle.

* Je vous rappelle que la Bataille de Trafalgar a eu lieu en 1805. Comme vous le voyez, certains avaient hâte de célébrer les victoires britanniques à Montréal (était-on plus calme à Québec ?).
 

** Veuillez excuser son langage un peu vulgaire. C'est un militaire, n'est-ce pas ? Et même un marin, je crois.
J'ajouterais que le syndrome des habitants de la ville de Québec est encore plus prononcé que celui des autres Québécois. Ce diagnostic est le fruit des observations de toute une vie dans cette ville où j'ai, par ailleurs, habité trois années consécutives dans ma jeunesse.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire