mardi 27 janvier 2009

Le Retable de la cathédrale de Tolède et l'or en Espagne.

(Cliquez les photos pour mieux voir)

Ces photos présentent deux vues du retable de la «Capilla Mayor» de la cathédrale de Tolède.
L'or -ou la couleur or- y ruisselle comme vous le voyez.
Je ne sais pas si à l'époque où on a édifié ce retable (entre 1497 et 1504) l'or des Amériques avait été découvert. Cela serait étonnant.
Mais quand on questionne les guides espagnoles sur cet or des Amériques, elles (ce sont en majorité des femmes) répondent toujours, de manière stéréotypée, devant n'importe quelle œuvre d'or (ou dorée), «Non, ce n'est pas fait avec l'or des Amériques!».
Auraient-elles appris cette réponse dans les centres de formation de guides touristiques?
On en vient à se demander si les corsaires anglais ou hollandais ou français ont été à ce point efficaces qu'aucune once de l'or des Amériques n'a pu se rendre en Espagne, tous les galions les transportant ayant été arraisonnés ou coulés.
On s'interroge aussi sur l'habileté des marins espagnols.
Peut-être faudrait-il poser davantage de questions sur l'argent des Amériques, l'argent ayant plus de valeur que l'or à l'époque de la découverte du Nouveau Monde.
Et beaucoup d'œuvres d'art sacré espagnoles étant faites d'argent massif.
Mais on ne me fera pas croire que les conquistadors ne travaillaient pas pour l'or (ou l'argent) et que rien de tout l'or que l'Inca a donné à Pizarre pour conserver la vie (en vain, car Pizarre l'a fait exécuter) n'est parvenu en Espagne.
Quoi qu'il en soit je trouve ce retable trop chargé d'or pour qu'on ne puisse pas être distrait des beautés de sculptures et de peintures qu'il comporte.
Et les visites touristiques sont trop brèves pour qu'on puisse prendre le temps de voir vraiment et d'admirer.
Hélas! l'or aveugle.
Et l'on n'a pas le temps de vraiment voyager.
Peut-être que ce retable doré me donne l'occasion de laisser José-Marie de Hérédia rendre hommage à ces conquistadors qui n'en méritent guère étant donné les massacres qu'ils ont commis juste pour se faire une place dans la société et devenir riches.
Vous pourrez donc ne pas lire ce sonnet si vous partagez mon opinion à propos des conquistadors (remarquez que Hérédia, d'origine cubaine et descendant lui-même des conquistadors, écrivait en français et donnait un titre français à ce poème) :

Les Conquérants

Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal.

Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde Occidental.

Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d'un mirage doré ;

Ou penchés à l'avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles.

Ces deux derniers vers valent bien d'autres poèmes.

1 commentaire:

orfeenix a dit…

Quelle surcharge en effet de ce qui n'est jamais qu' une matière et à peine une couleur!Je donnerais en effet tous mes poèmes pour avoir écrit ces deux vers.
Amicalement, isabelle.

Enregistrer un commentaire