mardi 2 décembre 2008

Bleu

Dans l'émission «Des Racines et des Ailes» présentée hier à TV5-Québec (dont je vous ai glissé un mot ), à propos des vitraux de la cathédrale de Chartres, on a parlé du bleu (voyez le tableau des bleus ci-dessus que j'emprunte à Wikipédia).
J'ai fait des recherches et, outre l'article de Wikipédia qui énumère beaucoup d'expressions comportant le mot «bleu» et beaucoup de sens du mot «bleu» (allez-y en cliquant ici) j'ai trouvé deux sites (un site et un blogue plus précisément) qui m'ont donné beaucoup de renseignements sur le bleu (cliquez sur site et cliquez sur blogue pour y être).
Dans le blogue on cite même un livre portant tout entier sur le bleu: celui de Michel Pastoureau, «Bleu, histoire d’une couleur» (Paris, Seuil, 2000).
Il y a,
par Marie-France Bazzo, une interview audio -datant du 24 juin 2005- de Michel Pastoureau, sur ce livre, ici.
Je ne vous résumerai pas ici cette histoire qui m'intéresse pourtant (je vais commander le livre demain) mais je vais profiter du sujet pour présenter quelques éléments qui me plaisent.
Sachez d'abord que les Grecs et les Romains avaient peu de considération pour le bleu, qu'ils n'utilisaient jamais et pour lequel ils n'avaient pas de mots.
Les Grecs parlaient de vert ou de gris, par exemple, à propos de la couleur du ciel.
Pour les Romains, c'était la couleur des Barbares et avoir les yeux bleus était un signe de mauvaise vie pour une femme et une marque de ridicule pour un homme.
Cela a duré jusqu'au 12e siècle où les langues romanes (héritières du latin) ont dû emprunter aux langues d'origine barbare ou sémitique des termes pour désigner le bleu: le mot «
«blau» ou «blao» au germanique qui a donné «bleu» en français et à l'arabe le mot «azraq» qui a donné «azur» en français («azul», le nom du bleu en espagnol -plus près de l'arabe).
Le besoin de ces termes venait du fait qu'on s'était avisé que le bleu était rare dans la nature, qu'il était difficile à obtenir et que, en fin de compte, c'était la couleur du ciel (que jusque-là on représentait comme blanc ou doré ou noir). Et que, pour toutes ces raisons, il méritait de servir d'attribut aux personnes les plus divines et les plus royales: la Vierge Marie, par exemple, dont ce sera dorénavant la couleur du manteau, et le roi de France dont ce sera la couleur, semée de lys d'or.
C'est la raison pour laquelle la couleur la plus précieuse et la plus admirable des vitraux de Chartres est le bleu dit de Chartres. Voici le vitrail de Notre-Dame de la Belle Verrière que j'ai vu à
Chartres:


Voici la Dame vue de près:


C'est la raison aussi pour laquelle Fra Angelico, dans l'Annonciation que nous avons admirée au Musée du Prado (en même temps que les Velasquez, les Goya, les Gréco, etc.), avait mis un manteau bleu à la Vierge.
Voyez (et, en même temps, voyez une autre photo de l'intérieur de ce si beau musée):


Si le bleu était si difficile à obtenir, c'était qu'on ne pouvait l'obtenir qu'en concassant le lapis lazuli, une pierre précieuse qu'on devait importer à grands frais d'Orient et dont voici un exemple:


Et puis voici le fruit de l'«arbre du voyageur» (dont le nom savant est Ravenala madagascariensis): je vous le présente parce que les graines de ce fruit sont d'un bleu magnifique:

Enfin, permettez-moi de vous présenter un drapeau, -celui du Québec- dont le bleu est la couleur principale car elle a été héritée du bleu du manteau des rois de France, en même temps que les lys. Je souhaite qu'il flotte sur un pays libre.


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