vendredi 31 octobre 2008

Une Chanson à l'intérieur d'une autre (et vice-versa)

Récemment je lisais un article sur les quatre-vingts ans virtuels de Serge Gainsbourg () et, à cette occasion, j'ai fait une recherche sur les vidéos des chansons de celui-ci qui ont été téléchargées sur Internet (YouTube ou Dailymotion).
(J'aurais pu faire une recherche sur Deezer, mais ma découverte en est récente, et il y a surtout des musiques sans vidéo, jouées sur un lecteur importable).
Naturellement la «Chanson de Prévert» m'a plus particulièrement intéressé.
Elle est belle et, comme les autres (je me souviens à l'époque les chansons de
Gainsbourg étaient très atypiques, mi-Vian, -ou mi-Prévert-, et mi-Legrand) légèrement acides, moqueuses, du moins je les ressentais comme telles.
Peut-être le mot qui leur conviendrait serait «irrévérencieuses».
Aujourd'hui, pour moi, l'irrévérence est une qualité suprême.
Elle l'était moins à l'époque, où j'étais rêveur et sentimental (ma femme prétend que je le suis toujours).
Quoi qu'il en soit la «Chanson de Prévert» m'a sauté aux yeux parce qu'explicitement elle fait référence aux «Feuilles mortes » de Prévert mise en musique par Joseph Kosma.
Non seulement elle lui fait référence, elle l'incorpore en quelque sorte en partageant le même premier vers, en citant son titre et ses auteurs (
Prévert et Kosma dit prosaïquement la chanson) mais aussi en utilisant certains de ses mots et son thème principal (le parallèle feuilles mortes-amours mortes).
En outre, elle en prend la suite puisqu'elle ajoute l'hiver à l'automne des feuilles mortes.
Bref on assiste en direct et de manière très transparente à ce que j'appelle (vous en êtes témoins si vous avez lu certaines de mes notes antérieures -ou ultérieures si vous lisez cette note quelque temps après sa rédaction) une «mise en abyme»: la chanson de Gainsbourg -qui s'intitule «La Chanson de Prévert»- incorpore la chanson de Prévert, elle en fait de ce fait une «mise en abyme».
Je vous présente donc la chanson incorporée et la chanson incorporante, «Les Feuilles mortes» par Juliette Gréco (je l'ai déjà présentée quelque part sur ce blogue par Yves Montand -), et «La Chanson de Prévert» par Gainsbourg.
Vous verrez que, par un effet-retour (qui est peut-être un effet pervers), «Les Feuilles mortes» peuvent faire une
mise en abyme de «La Chanson de Prévert».
Cela se produit fréquemment dans la littérature (certains vers de Racine semblent avoir été faits par Baudelaire, et certains vers de
Baudelaire par Racine, etc.).

Voici
Les Feuilles mortes




Voici les paroles de la chanson:

Oh ! je voudrais tant que tu te souviennes
Des jours heureux où nous étions amis.
En ce temps-là la vie était plus belle,
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle.
Tu vois, je n'ai pas oublié...
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
Et le vent du nord les emporte
Dans la nuit froide de l'oubli.
Tu vois, je n'ai pas oublié
La chanson que tu me chantais.

Refrain

C'est une chanson qui nous ressemble.
Toi, tu m'aimais et je t'aimais
Et nous vivions tous deux ensemble,
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment,
Tout doucement, sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable
Les pas des amants désunis.

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi
Mais mon amour silencieux et fidèle
Sourit toujours et remercie la vie.
Je t'aimais tant, tu étais si jolie.
Comment veux-tu que je t'oublie ?
En ce temps-là, la vie était plus belle
Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.
Tu étais ma plus douce amie
Mais je n'ai que faire des regrets
Et la chanson que tu chantais,
Toujours, toujours je l'entendrai !

Refrain


Voici La Chanson de Prévert (Gainsbourg était jeune et il s'appelait lui-même «Monsieur Tête de chou)





Voici les paroles de la chanson
:

Oh je voudrais tant que tu te souviennes
Cette chanson était la tienne
C'était ta préférée je crois
Qu'elle est de Prévert et Kosma
Et chaque fois "Les feuilles mortes"
Te rappelle à mon souvenir
Jour après jour les amours mortes
N'en finissent pas de mourir.

Avec d'autres bien sûr je m'abandonne
Mais leur chanson est monotone
Et peu à peu je m'indiffère
A cela il n'est rien à faire
Car chaque fois "Les feuilles mortes"
Te rappelle à mon souvenir
Jour après jour les amours mortes
N'en finissent pas de mourir.

Peut-on jamais savoir par où commence
Et quand finit l'indifférence
Passe l'automne vienne l'hiver
Et que la chanson de Prévert
Cette chanson "Les feuilles mortes"
S'efface de mon souvenir
Et ce jour-là mes amours mortes
En auront fini de mourir
Et ce jour là mes amours mortes
En auront fini de mourir

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