mercredi 15 octobre 2008

Nos Roses, M. Ouellet et Malherbe

La rose d'automne d'Agrippa d'Aubigné, dans une de mes notes d'hier () et les fleurs roses de pommetier, dans une note d'aujourd'hui (ici), m'ont amené à me souvenir d'un rosier spécial que j'avais jadis dans mon jardin.
Ce rosier donnait des roses dites «Reine Élizabeth» (le lien conduit à une page en anglais).
Il était spécial parce qu'il a vécu au moins 20 ans et qu'il suscitait l'envie de mon voisin d'en arrière, de la rue de Calais, M. Jules Ouellet.
M. Ouellet venait de prendre sa retraite de l'Alcan quand nous avons acheté la maison derrière la sienne en 1976. Il nous a raconté l'histoire de notre maison, l'histoire de sa maison et de toutes les maisons environnantes car il habitait le quartier depuis son mariage, quelques quarante années plus tôt.
Il nous a en quelque sorte initiés à la vie du quartier et a toujours fait montre d'une grande amitié et d'une grande bienveillance à notre égard.
Un bon voisin est un trésor.
Il avait un jardin potager et toutes sortes d'arbustes sur son terrain et ne manquait jamais de nous donner des tiges de rhubarbe et des pousses de ses lilas.
Il m'enviait mon rosier «Reine Élizabeth».
J'en avais eu d'autres, beaucoup d'autres, mais ils ne survivaient jamais assez longtemps pour qu'il me les envie.
Ce rosier-là survivait et M. Ouellet ne réussissait pas à en cultiver un semblable sur son terrain. Il me disait, lui qui réussissait tout dans le jardinage, que seuls les vrais jardiniers réussissaient à cultiver des roses.
C'était par gentillesse. Et moi qui ne réussissais à cultiver comme roses que les roses de ce rosier-là, je prenais beaucoup de plaisir à son compliment.
En réalité, croyais-je, le rosier se débrouillait seul: il avait décidé qu'il vivrait sa vie de rosier dans notre jardin quelles que seraient les circonstances.
J'en était si fier que j'ai pris des photographies de ses roses que j'ai montrées longtemps à mes parents et amis au même titre que nos photos de mariage, de notre enfant Fabrice et de notre chatte Zoé.
Je vous les montre au bas de cette note: il y a une rose en bouton et une rose après la pluie.
M. Ouellet est mort il y a dix ans maintenant, après avoir été pendant plus de 20 ans notre voisin.
Notre rosier, je ne sais pourquoi, est mort lui aussi, quelques temps après M. Ouellet.
Peut-être, ai-je pensé plus tard, pour nous signifier que son véritable jardinier était M. Ouellet qui, peut-être, quand nous étions au travail et le négligions, s'en occupait à notre insu.
Voici donc deux de nos belles roses. Je les dédie à notre voisin.


Je crois que ces roses me fournissent aussi l'occasion de vous présenter, non un seul vers, mais un poème entier de François de Malherbe, où il est question de roses et de mort.
Je vous le présente en français du début du 17e siècle, d'abord pour vous montrer que l'orthographe était bien différente de la nôtre à cette époque et que les fautes d'orthographe ne sont pas des fautes de langue.
Et pour vous montrer ensuite en quelque sorte -puisque le français en ce temps s'écrivait comme il se prononçait- la prononciation de nos ancêtres québécois qui, à l'époque où ce poème de Malherbe a été écrit, commençaient à constituer ce qui, quelques années plus tard, sera le premier peuple de la Terre à parler tout entier le français. Le nôtre.
Je vous présente ce poème sous forme d'images car sa mise en page complexe est impossible à reproduire vraiment dans ce blogue. Remarquez que le M. du Perrier à qui s'adresse le poème est un gentilhomme d'Aix-en-Provence où j'ai complété mes études (Cliquez les images du poème pour mieux le lire).

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