mardi 14 octobre 2008

Mise en abyme de Lucian Freud (et de Reuters)

Ce portrait de Francis Bacon peint par Lucian Freud est mis aux enchères à Londres aujourd'hui.
Il était présenté par les « Images Reuters » dans le pied de page de ce blogue ce matin.
Lucian Freud peint les misères de la chair, comme son grand-père, Sigmund, a révélé les misères de l'âme.
Tous les deux s'intéressent (car Sigmund Freud est toujours vivant par ses œuvres) à la vérité.

Ce portrait du peintre Bacon me frappe parce qu'une dimension supplémentaire s'y ajoute à la peinture des misères de la chair : le tableau effectue une mise en abyme d'autres toiles de peintres occidentaux qui représentaient le visage du Christ imprimé sur le voile avec lequel Véronique -dans le chemin de croix- l'avait essuyé (peut-être la jeune fille présentant le tableau -moderne Véronique- est-elle pour quelque chose dans cette mise en abyme).
Le tableau transforme subtilement Francis Bacon en Christ martyrisé.

Voyez combien ce tableau diffère d'autres portraits peints par Freud : un autre portrait de Bacon, un autoportrait et le portrait que Freud a peint et offert à la reine Élizabeth (d'Angleterre... et du Canada) pour son jubilé.
Il n'y a là que les misères de la chair et de l'âge.




Et voici trois « Véroniques » : l'une de Memling, l'autre de Campin, la dernière de Simon Vouet (et il y en aurait une infinité d'autres tant la propagande chrétienne était puissante) :


Que d'art supplémentaire dans le tableau mis aux enchères ! 
Et, je dirais, dans la photo de Reuters, que l'on pourrait intituler « Véronique et son tableau » plutôt que « Véronique et son voile ».

1 commentaire:

Cochonfucius a dit…

Véronique (Pays de poésie, 2-4-14)
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Le fils du charpentier savait parler aux femmes,
Leur montrant le Royaume en termes pas trop durs
(Même si, par endroits, c’était un peu obscur) ;
Ce qu’il disait trouvait un écho dans leur âme.

Il guérissait la crainte ainsi que l’anémie.
Parfois, rien qu’en touchant son habit velouté,
Une malade a pu retrouver la santé,
Ou du moins, de son mal, ressentir l’accalmie.

Au méchant tribunal sa cause a succombé ;
Il a porté le bois trop lourd, il est tombé :
C’est une femme, alors, qui vient et le soulage.

Elle se tient au bord du long chemin de croix ;
Sur un morceau de toile elle applique ses doigts
Pour un peu rafraîchir ce douloureux visage.

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