jeudi 17 janvier 2008

Paris 1970

Façade de l'Hôtel du Brésil vers 2009 (Google Street View)

Nous sommes arrivés à Paris, ma femme et moi, en septembre 1970, pour faire nos doctorats à Aix-en-Provence.

Sur les conseils de nos amis, Sylvie Lavoie et Jacques-Gilbert Tremblay qui étudiaient, eux, depuis un an déjà à Strasbourg (Sylvie en histoire de l'art et Jacques en sociologie), nous avions réservé, depuis le mois de juillet précédent, une chambre à l'Hôtel du Brésil, 10 rue Le Goff, entre la rue Gay-Lussac et la rue Soufflot, où eux-mêmes avaient habité lors de leur arrivée à Paris en 1969 et où ils habitaient quand ils visitaient Paris. Cela coûtait 35 francs par jour (7 dollars canadiens si le dollar valait 5 francs). Pour réserver notre chambre nous avions dû envoyer (en argent comptant dans l'enveloppe) des arrhes de 70 francs (cherchez le mot «arrhes», d'un emploi très commun en France).
Voici une carte-plan prise sur Google:


Voici, en plus, une carte «hybride» de l'emplacement, prise sur Yahoo-cartes. Cette carte donne une meilleure idée des monuments qui entourent l'hôtel:


Sur les cartes ci-dessus l'emplacement de l'
Hôtel du Brésil est marqué d'une bulle intitulée «A».

Voici, côte à côte, la façade de l'hôtel à gauche (notre chambre se trouvait à la 3e fenêtre à partir de la gauche, au 2e) et la porte d'entrée à droite:


À gauche de la porte, au-dessus du chiffre 10, une plaque (en France, il y a des plaques semblables sur presque toutes les façades tant chaque bâtiment est marqué par l'histoire): la plaque informe le passant (et le touriste qui est davantage curieux) que Sigmund Freud a habité cet hôtel en 1885-86, lors de son séjour à Paris pour assister aux séminaires de Jean-Martin Charcot à la Salpêtrière (où l'une de mes collègues psychanalyste -Francine Belle-Isle- fait régulièrement des séjours d'études et d'observations).
Voici la plaque (excusez la définition):


Quel bonheur d'habiter là où un si grand esprit a habité jadis: peut-être cela nous inspirerait-il, peut-être allions-nous, nous aussi, inventer une discipline aussi utile que la psychanalyse. Ignorante jeunesse!

Quoi qu'il en soit, l'hôtel du Brésil comptait six étages sans ascenseur, à raison de trois chambres par étage. Il y avait un lavabo dans chaque chambre, mais les toilettes étaient partagées entre les trois chambres. Une vieille dame hors d'haleine et soufflant comme une baleine malgré sa taille minuscule nous apportait notre petit déjeuner chaque matin à 7h30. Nous étions au deuxième et fous de bonheur, sur un «cassettophone» (cet appareil à lampe venait d'être inventé et je l'avais acquis pour notre séjour en France), devant la fenêtre grande ouverte d'où nous apercevions une partie du dôme du Panthéon nous faisions jouer en riant le concerto pour piccolo de Vivaldi dont voici le 1er mouvement (peut-être est-ce le seul que nous écoutions tout à la joie d'aller sur le boulevard Saint-Michel vers le boulevard Saint-Germain, ou dans le Jardin du Luxembourg tout près, ou Place de l'Odéon (où il y a le Théâtre de l'Odéon), ou partout: Paris était une fête! Et nous étions dans la capitale de nos ancêtres et de notre race):


* Il s'agit du premier mouvement allegro du concerto pour piccolo en do majeur de Vivaldi par l'Orchestre de l'opéra de Cracovie en Pologne. Ce n'était pas l'interprétation que nous avions mais elle n'est pas sur Youtube.

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